A qui profitent les milliards de la défense ?

Par Michel Cabirol  |   |  516  mots
C'est le géant européen Airbus qui a le plus profité en 2016 des crédits de la direction générale de l'armement.
Airbus a empoché directement 1,19 milliard d'euros sur les 10,84 milliards du programme 146 du ministère de la Défense. Un montant auquel il faut rajouter les 613 millions donnés à NHIndustries pour l'hélicoptère de transport NH90 et les 428 millions adressés à Airbus Safran Launchers.

C'est le géant européen Airbus qui a le plus profité en 2016 des crédits de la direction générale de l'armement (DGA). Le groupe, qui pourtant se recentre tous azimuts vers le civil sous l'impulsion de Tom Enders, a empoché directement 1,19 milliard d'euros sur les 10,84 milliards du programme 146 (Equipements) du ministère de la Défense. Un montant auquel il faut rajouter les 613 millions donnés à NHIndustries (un consortium détenu à 62,5 % par Airbus) pour le programme d'hélicoptère de transport NH90 et les 428 millions à Airbus Safran Launchers (50% Airbus). Soit 2,23 milliards au total, ce qui représente 20% du programme 146.

Airbus est loin, très loin devant trois groupes ou organismes qui sont dans un mouchoir de poche : Thales (1,5 milliard), le CEA (1,47 milliard) et DCNS (1,39 milliard). Plus loin encore, on trouve Dassault Aviation (594 millions) et Safran (492 millions), puis MBDA, détenu à 37,5 % par Airbus (261 millions), Nexter (177 millions), le CNES (100 millions), Renault Trucks Defense (94 millions). Enfin, la DGA a distribué 2,38 milliards à l'ensemble de la filière industrielle dans le domaine de la défense, notamment les PME. Ainsi, à fin 2016, 80 % des très grands programmes de la loi de programmation militaire (LPM) ont été lancés et notifiés par la DGA.

"La souveraineté est un fondement de notre défense et sécurité nationale, a rappelé le Délégué général pour l'armement, Laurent Collet-Billon, à l'occasion de la conférence de presse sur la présentation des résultats 2016 de la DGA. Et il n'y pas de souveraineté sans industrie forte. A la DGA, cet enjeu a toujours été au cœur de nos préoccupations".

Thales, champion des crédits R&T

Dans le domaine de la préparation de l'avenir (PEA, programme d'études amont), Thales a été particulièrement choyé. Ainsi, le groupe d'électronique a récolté 206 millions d'euros sur les 804 millions des crédits budgétaires du programme 144. Soit 20% des crédits R&T du ministère de la Défense. Sur le podium, sont en outre installés DCNS (94 millions) et Airbus (87 millions, dont 28 millions pour ASL). Puis, viennent Dassault (57 millions), Safran (54 millions), MBDA (44 millions), le CEA (32 millions), Nexter (11 millions) et, enfin, Renault Trucks Defense (3 millions). Enfin, la DGA a irrigué en crédits R&T les PME (71 millions), des établissements publics (41 millions) et, enfin, des dispositifs Innovation (83 millions).

"L'innovation est le levier pour disposer sur le long terme de la supériorité technologique afin d'assurer la compétitivité de notre industrie et l'avantage opérationnel pour nos combattants sur le terrain", a rappelé Laurent Collet-Billon.

La DGA consacre 730 millions d'euros en moyenne par an sur la durée de la LPM (2014-2019) en faveur de la préparation du futur. Cet effort de R&T est "dimensionné au plus juste pour maintenir les capacités industrielles en matière de R&D", a expliqué le Délégué. Dans le futur, la maîtrise du numérique dont le big data, va constituer le défi stratégique majeur de ces prochaines années pour la DGA et les industriels du secteur.