Après le Rafale, l'Eurofighter jette l'éponge à son tour au Canada

Par MC avec AFP  |   |  686  mots
Les "exigences de sécurité du NORAD" imposent un "coût trop important aux plateformes dont les chaînes de production et d'entretien sont situées à l'extérieur" du Canada et des Etats-Unis, a estimé Airbus. (Crédits : Jon Nazca)
Le Canada s'oriente de plus en plus vers l'achat de F-35 pourtant mis hors-jeu par le Premier ministre Justin Trudeau à son arrivée au pouvoir. Après le Rafale, l'Eurofighter n'a pas souhaité déposer une offre pour la fourniture de 88 avions de combat à l'Armée de l'air royale canadienne (RCAF).

Plus d'un mois après le lancement de l'appel d'offres final en juillet, il ne reste que trois candidats en compétition (sur les cinq initialement pressentis) pour la fourniture de 88 avions de combat au Canada. Airbus a annoncé vendredi soir se retirer de l'appel d'offres lancé par le gouvernent canadien pour remplacer sa flotte d'avions de chasse en raison notamment des exigences de sécurité du Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD) jugées trop coûteuses par l'européen. Le groupe européen a annoncé, conjointement avec le ministère britannique de la Défense, que l'avion de combat Typhoon présenté par le consortium européen Eurofighter pour remplacer la flotte canadienne de 88 CF18, ne ferait plus partie des candidats.

"Suite à l'analyse minutieuse des conditions et exigences demandées dans l'ébauche et la version finale de l'appel d'offres, deux raisons ont motivé l'équipe de Typhoon Canada à décider de ne pas soumissionner pour ce projet", a expliqué vendredi Airbus dans un communiqué. Les "exigences de sécurité du NORAD" imposent un "coût trop important aux plateformes dont les chaînes de production et d'entretien sont situées à l'extérieur" du Canada et des Etats-Unis, a estimé le constructeur. En outre, "les importantes révisions récemment apportées aux exigences de retombées industrielles et technologiques (RIT) ne valorisaient pas suffisamment les engagements fermes compris dans l'offre de Typhoon Canada, alors qu'il s'agissait d'un point majeur", a précisé le communiqué.

La ministre canadienne des Services publics et de l'Approvisionnement, Carla Qualtrough, a déclaré respecter la décision d'Airbus, ajoutant que le gouvernement d'Ottawa était déterminé à assurer l'équité de l'appel d'offres. Ce désistement laisse donc le champ libre aux trois autres candidats en lice, soit le suédois Saab avec son appareil Gripen et les américains Lockheed Martin (chasseur F-35) et Boeing (F-18 Super Hornet). Pour le Gripen E/F (NG), la seule question est de savoir jusqu'à quand il restera dans la compétition ? Le constructeur Dassault Aviation avait retiré le Rafale de la course en novembre 2018 car, selon différentes sources, le Canada avait des exigences techniques liées à son appartenance au groupe des "Five Eyes" impossibles à satisfaire. Les "Five Eyes" sont une alliance des services de renseignement des Etats-Unis, du Canada, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni. Les dés de l'appel d'offres semblent pipés pour les constructeurs non-américains.

Le Canada va être obligé d'acheter américain

La première étape prévue est la remise de l'offre de sécurité à l'automne 2019. Ensuite, les constructeurs ont jusqu'au printemps 2020 pour présenter leurs propositions initiales au Canada et une décision sera rendue début 2022, avait annoncé fin juillet le gouvernement canadien, qui attend son premier appareil dès 2025. Le Canada a estimé ce contrat entre 15 et 19 milliards de dollars canadiens (10 à 13 milliards d'euros). La mission principale des futurs avions de combat canadien est de patrouiller dans le ciel nord-américain de concert avec l'US Air Force dans le cadre du NORAD qui lie Washington et Ottawa.

Le gouvernement de Justin Trudeau, à son arrivée au pouvoir fin 2015, avait annulé l'achat de F-35 de Lockheed Martin devant remplacer sa flotte vétuste de CF18, et avait plutôt décidé de remettre à plat ce dossier. Paradoxalement, le F-35 reste le favori de la compétition. Car malgré l'opposition du candidat Trudeau en 2015, le F-35 reste le choix préféré de l'Armée de l'air royale canadienne (RCAF). Prochainement, du 6 au 8 septembre 2019, cet avion sera la vedette du show aérien de Gatineau-Ottawa.

En outre, Boeing pourrait être logiquement plombé par le bras de fer qu'il a eu en 2017 avec le gouvernement Trudeau. Le contentieux entre Boeing et Bombardier avait d'ailleurs fait capoter le projet de vente, de gré à gré, de 18 Super Hornet au Canada, pour assurer la transition avant l'achat de nouveaux appareils. Finalement, le Canada avait annoncé en décembre 2017 l'achat de 18 chasseurs F-18 d'occasion à l'Australie pour prolonger la durée de vie de sa propre flotte de ces appareils.