Des salariés de SpaceX licenciés pour avoir critiqué ouvertement leur patron Elon Musk

Par latribune.fr  |   |  709  mots
L'homme le plus riche au monde est un libertarien revendiqué. (Crédits : ANDREW KELLY)
D'après le site internet américain The Verge, des salariés de la société d'exploration spatiale SpaceX préparaient une lettre ouverte dans laquelle ils critiquaient le comportement du milliardaire américain dans la sphère publique, ainsi que de récentes accusations de harcèlement sexuel à son encontre.

Habitué des controverses sur Twitter avec régulièrement des messages virulents, parfois cryptiques, quelquefois insultants, le patron de SpaceX et Tesla, Elon Musk agace, y compris ses salariés. Mais on ne critique pas son patron ouvertement. Plusieurs salariés de SpaceX en ont payé les frais et ont été tout simplement licenciés. D'après le site internet The Verge, un petit groupe de salariés de la société d'exploration spatiale préparait une lettre ouverte dans laquelle ces employés critiquaient le comportement d'Elon Musk dans la sphère publique, ainsi que de récentes accusations de harcèlement sexuel à son encontre, comme « une source fréquente de distraction et de honte pour nous ».

« En tant que patron et porte-parole le plus éminent, Elon est considéré comme le visage de SpaceX - chaque tweet qu'il envoie est de facto considéré comme une déclaration publique en provenance de l'entreprise, particulièrement ces dernières semaines », était-il écrit dans cette lettre, qui devait être remise au président de SpaceX.

Les salariés rebelles appelaient notamment l'entreprise à « condamner publiquement » la façon de tweeter du sulfureux et richissime patron de Tesla et SpaceX.

« Activisme démesuré »

Mais on ne critique pas ainsi ouvertement Elon Musk. D'autant que les auteurs de ce courrier avaient envoyé cette lettre à tous leurs collègues en sollicitant leur éventuelle signature et leur participation à un sondage. Certains se sont sentis « mal à l'aise et intimidés et/ou en colère car la lettre les incitait à signer quelque chose qui ne reflétait pas leur opinion » ou parce la lettre « a interféré avec leur capacité à se concentrer sur leur travail », d'après un email de Gwynne Shotwell, directrice des opérations de la société d'exploration spatiale, envoyé jeudi en fin de journée à tout le personnel. Or, « nous avons trop de travail essentiel à accomplir et n'avons pas besoin de ce genre d'activisme démesuré ». Après avoir mené une enquête, l'entreprise a donc « licencié un certain nombre d'employés impliqués », indique la responsable, sans préciser combien.

L'homme le plus riche au monde n'agace pas que des employés de SpaceX, sa société d'exploration spatiale. Jeudi, le milliardaire patron de Tesla et SpaceX, qui rencontrait pour la première fois les salariés de Twitter, ne les a pas rassurés : ni sur le modèle économique qu'il compte mettre en place pour le réseau social afin de lui faire gagner plus de 700 millions d'utilisateurs supplémentaires, ni sur ses arrière-pensées politiques.

Alors que l'homme d'affaires multimilliardaire était tout près, il y a deux semaines, d'annuler son rachat de Twitter, le patron de Tesla et SpaceX s'est adressé pour la première fois aux employés du réseau social, jeudi 16 juin. Sans toutefois parvenir à les rassurer sur ses intentions, alors qu'il a annoncé en avril vouloir racheter le réseau social.

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 Libertarien revendiqué

Le personnage est sulfureux. Libertarien revendiqué - voire anarchiste pour certains observateurs -, l'entrepreneur est un fervent militant d'une liberté d'expression totale, c'est-à-dire le moins possible soumise à la modération. La conception de la liberté d'expression d'Elon Musk est donc proche des libertaires de la Silicon Valley -à l'image de Jack Dorsey, fondateur de Twitter, parti fin 2021- et surtout, aux Etats-Unis, de Donald Trump et de l'aide la plus à la droite du parti républicain. Elle est donc loin d'être neutre ou modérée politiquement, contrairement aux affirmations d'Elon Musk.

Dans des tweets, anciens et récents, le milliardaire ne cache d'ailleurs aucunement sa proximité avec le parti Républicain et critique «la gauche» qu'il qualifie régulièrement d'extrémiste et de dangereuse, reprenant ainsi l'argumentaire des Républicains les plus à droite de l'échiquier politique américain. Pas plus tard que mercredi, il a tweeté son soutien au gouverneur républicain ultra-conservateur de Floride, Ron DeSantis, pour l'élection présidentielle de 2024. Son manque de neutralité pose évidemment question sur ses intentions quant au futur rôle de Twitter dans le débat public, d'autant plus à quelques mois des élections américaines de mi-mandat.

(Avec AFP)