En Suisse, la grogne monte concernant le choix du F-35

Par latribune.fr  |   |  462  mots
A la fin juin 2021, le gouvernement suisse a décidé d’acquérir quelque 36 F-35A auprès du constructeur américain Lockheed Martin. (Crédits : Axel Schmidt)
L’alliance opposée à l’achat des avions de combat américains a annoncé qu’elle n’était pas loin de pouvoir organiser une consultation populaire à ce sujet.

La Suisse va-t-elle, in fine, revenir sur le choix du F35 ? Peut-être... L'alliance de gauche opposée à l'achat des F-35, baptisée « Stop-F35 », a annoncé ce vendredi qu'elle n'était pas loin d'avoir rassemblé 100.000 signatures pour sa pétition. Si c'est le cas, le peuple suisse pourra alors se prononcer à ce sujet. L'objectif de l'alliance: déposer cet été le texte de leur projet pour un vote. « En raison de l'explosion des coûts du F-35, des conséquences en matière de politique étrangère et des nombreux défauts de cet avion de combat, ce débat serait nécessaire et urgent », explique Marionna Schlatter (Vert·e·s) du comité d'initiative, citée dans un communiqué de l'alliance.

Rappelons qu'à la fin juin 2021, le gouvernement a décidé d'acquérir quelque 36 F-35A auprès du constructeur américain Lockheed Martin. En septembre 2020, les Suisses avaient approuvé de justesse, lors d'un vote populaire, une enveloppe de 6 milliards de francs (5,6 milliards d'euros) pour permettre aux forces aériennes de se doter d'une nouvelle flotte. Si le gouvernement suisse affirme que l'avion était de loin le meilleur, au prix le plus bas de tous les jets en lice pour le contrat (Rafale, F/A-18 et Eurofghter), les innombrables difficultés techniques et dépassements budgétaires du programme F-35 aux États-Unis ont incité deux commissions parlementaires à lancer une enquête sur le choix de l'appareil.

Un dossier électrique

Le dossier est aujourd'hui électrique, et le gouvernement souhaite désormais aller vite, sans doute pour couper l'herbe sous le pied des opposants aux F-35. L'exécutif a annoncé, la semaine dernière, qu'il voulait accélérer le processus d'achat, l'offre américaine expirant fin mars 2023, laissant penser que le Conseil fédéral ne voulait pas attendre le résultat de la consultation populaire. Une posture « hautement discutable du point de vue démocratique », selon les antis, qui considèrent qu'une votation en mars 2023 est toujours possible.

Vu dès l'origine comme un produit d'exportation destiné à assurer la domination de Washington sur le marché des avions de combat, le F-35 a fait l'objet d'un partenariat avec huit pays, dont le Royaume-Uni, chacun recevant une part de travail en fonction de son investissement. Les avions destinés à la Suisse seraient pour l'essentiel construits en Italie. Comme La Tribune l'a expliqué l'été dernier, la Suisse a fait le choix, en sélectionnant cet avion, de ne pas froisser les Etats-Unis. Washington souhaitait notamment damer le pion à la France et au Rafale de Dassault. Outre les F-35, la Suisse a également acquis auprès du pays de l'Oncle Sam cinq batteries Patriot produites par Raytheon.

(avec AFP)