Corruption : Airbus dans les turbulences, Enders prévoit un risque de pénalités importantes

Par latribune.fr  |   |  471  mots
Le président exécutif du groupe visé par plusieurs enquêtes pour corruption écrit à ses salariés
Face à la multiplication des enquêtes pour présomption de violation des lois anticorruption visant le groupe, son président a adressé vendredi un courrier à l’ensemble des salariés.

 "Nous faisons l'objet d'enquêtes pour présomption de violation des lois anticorruption" a reconnu le président exécutif d'Airbus dans un courrier adressé aux salariés du groupe et révélé par l'AFP. Il y rappelle que

"Cette situation est due à notre décision, prise l'an dernier, de déclarer aux autorités et agences gouvernementales des inexactitudes que nous avions nous-mêmes découvertes" et que cette décision, prise avec "l'appui total" du conseil d'administration", était la seule "ligne de conduite" possible pour le groupe car "conforme" aux "valeurs", aux "standards d'éthique" et aux "règles de conformité" de l'entreprise, était la bonne.

Mais il alerte aussi ses salariés sur "un risque d'importantes pénalités pour l'entreprise".

Multiples enquêtes ouvertes en Europe

Cette initiative de Thomas Enders intervient alors qu'Airbus est visé par une série d'enquêtes en Europe dans des affaires de corruption.

En Autriche, le président exécutif lui-même figure parmi les personnes visées par une enquête sur un contrat controversé de vente de 18 avions de combat Eurofighter pour 2 milliards d'euros en 2003, alors qu'il dirigeait la branche défense du groupe EADS (AirbusGroup depuis janvier 2014).

En Allemagne, l'hebdomadaire Der Spiegel révèle que les enquêteurs bavarois auraient découvert les manœuvres "d'un département parisien" d'Airbus pour créer "des sociétés écrans" autour de son ancienne filiale de maintenance aéronautique, permettant de verser des pots de vin aux décideurs autrichiens.

Le parquet général de Munich a annoncé vendredi que l'enquête (également ouverte par l'Allemagne) serait bientôt bouclée mais que "peu de preuves" d'une corruption étaient réunies pour le moment.

En France, ce sont des soupçons de corruption dans les activités d'aviation civile au Royaume-Uni qui font l'objet d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet national financier (PNF).

Le Serious Fraud Office (SFO), l'organe britannique chargé de la lutte contre la corruption, avait ouvert en août 2016 une enquête pour soupçons de fraude, de pots-de-vin et de corruption »  portant sur des irrégularités concernant des consultants tiers.

Appel à soutenir la direction

"Nous serons probablement confrontés à une exposition médiatique fréquente, factuelle ou pas, à des fuites et de fausses allégations répandues par des personnes ayant un intérêt à discréditer la direction d'Airbus", prévient M. Enders dans son courrier aux salariés.

Il leur demande de se préparer "à vivre une période turbulente et déroutante", et leur lance un appel à soutenir la direction et le conseil d'administration.

"N'écoutez pas les discours simplistes ou nationalistes, n'alimentez pas les rumeurs", a-t-il conclu, avant d'affirmer qu'avec l'unité et le travail d'équipe, Airbus sortira "renforcé et plus compétitif".

(Avec AFP)