Hard Brexit ? Enders avertit Londres que "d'autres pays sont prêts à construire des ailes d'Airbus"

Par latribune.fr  |   |  736  mots
Tom Enders a adopté cette fois-ci un ton plus tranché que lors de ses précédentes déclarations sur le sujet, insistant sur le fait que "de nombreux pays aimeraient construire les ailes des appareils Airbus", notamment l'Allemagne. Mais, selon les dirigeants du groupe, le Japon, la Corée du Sud ou encore les Etats-Unis pourraient également être de potentiels candidats. (Crédits : Pascal Rossignol)
Chez Airbus, on ne plaisante plus, c'est même un vrai coup de semonce : dans une vidéo diffusée sur son site, le président d'Airbus a prévenu le parlement britannique que "le secteur aérospatial britannique [était] maintenant au bord du précipice". En cas de sortie brutale de l'UE (Hard Brexit, No Deal...), le groupe qui emploie 14.000 personnes en Grande-Bretagne, durcit le ton et menace de rediriger ailleurs ses investissements.

Ce jeudi 24 janvier, Airbus a prévenu que, en l'absence d'une sortie en douceur du pays de l'Union européenne, les ailes de ses avions pourraient ne plus être construites en Grande-Bretagne, rapporte l'agence Reuters. Précisant sa pensée, l'avionneur a ajouté que si le Royaume-Uni optait effectivement pour un Brexit "sans accord" ("No Deal"), il aurait à prendre "des décisions potentiellement très préjudiciables" pour ses activités sur le sol britannique.

Risques pour les 14.000 emplois britanniques d'Airbus

Dans un discours réalisé en vidéo et présenté simultanément sur le site du constructeur et sur la plateforme Youtube (voir ci-dessous), le président exécutif d'Airbus, Tom Enders, a mis en garde le Parlement britannique au moment où celui-ci est divisé sur le sujet, en déclarant qu'il n'y aurait pas de changement immédiat concernant la présence industrielle du groupe, mais que des risques pesaient sur l'emploi dans le futur.

"Le secteur aérospatial britannique est maintenant au bord du précipice", a déclaré Tom Enders dans une vidéo publiée sur le site internet d'Airbus, ajoutant : "En cas de Brexit sans accord, à Airbus, nous devrons prendre des décisions potentiellement très préjudiciables pour le Royaume-Uni."

La Première ministre britannique Theresa May travaille à la conclusion d'un accord garantissant un départ en douceur de l'Union européenne, a déclaré jeudi son porte-parole en réaction aux déclarations d'Airbus.

Il a également dit à la presse qu'il ne faisait aucun doute que le fait de quitter l'Union avec un accord était dans l'intérêt de la Grande-Bretagne.

Avertissement aux Brexiters qui prennent ses menaces à la légère

Le groupe d'aéronautique et de défense emploie plus 14.000 personnes au Royaume-Uni, dont 6.000 dans sa principale usine de fabrication d'ailes d'avions à Broughton, au Pays de Galles, et 3.000 à Filton, dans l'ouest de l'Angleterre, où sont conçues et assurées la maintenance des ailes de ses appareils.

Certains tenants du Brexit ne prennent cependant pas au sérieux les menaces formulées par Airbus de se retirer de la Grande-Bretagne, estimant que l'usine de Broughton est efficace et qu'elle profite de la faiblesse de la livre.

Tom Enders a cependant adopté cette fois-ci un ton plus tranché que lors de ses précédentes déclarations sur le sujet, insistant sur le fait qu'Airbus ne plaisantait pas.

"S'il vous plaît, il ne faut accorder aucun crédit à la folie des "Brexiteers" qui affirment que, parce que nous avons de grandes usines, nous ne partirons pas et serons toujours là. Ils ont tort", a-t-il déclaré.

"Bien sûr, il n'est pas possible de transférer immédiatement nos grandes usines britanniques dans d'autres régions du monde. Cependant, l'aérospatiale est une activité à long terme et nous pourrions être contraints de rediriger les investissements futurs en cas de Brexit sans accord. Et, il ne faut pas s'y méprendre, de nombreux pays aimeraient construire les ailes des appareils Airbus."

Allemagne, Japon... de nombreux pays sont prêts à fabriquer des ailes

Selon des experts du secteur, Airbus a commencé à travailler sur les technologies de base des ailes d'avions qui vont équiper le remplaçant de l'A320, dont l'entrée en service est prévue aux alentours de 2030.

Cela signifie qu'une décision sur un éventuel transfert de la production devrait être prise dans la prochaine décennie. L'Allemagne se bat pour s'attirer les faveurs d'Airbus dans cette perspective, mais selon les dirigeants du groupe, le Japon, la Corée du Sud ou encore les Etats-Unis pourraient également être de potentiels candidats.

Lire aussi : La production d'Airbus sur les terres de Boeing va monter en flèche

A Davos, Hammond cherche à convaincre les investisseurs de rester

Le Royaume-Uni doit quitter l'Union européenne le 29 mars et la Première ministre britannique Theresa May n'ayant pas réussi à obtenir le soutien à l'accord négocié avec Bruxelles, les entreprises s'inquiètent de plus en plus de l'éventualité d'un Brexit chaotique.

Le principal lobby des entreprises britanniques a mis en garde contre des perturbations de l'économie et des retards dans les échanges transfrontaliers si la Grande-Bretagne quittait l'UE sans accord de transition.

Philip Hammond, le ministre britannique des Finances, va s'employer ce jeudi à convaincre les dirigeants réunis au Forum économique mondial de Davos de continuer à investir dans son pays après le Brexit.

(avec Reuters)