L'industriel français Serge Dassault est mort à 93 ans

Par latribune.fr  |   |  809  mots
(Crédits : Charles Platiau)
Serge Dassault, industriel, patron de presse et ancien sénateur LR, est mort à 93 ans ce lundi 28 mai, selon des sources concordantes à l'AFP.

Armement, presse, politique... L'industriel français, l'un des plus célèbres dans le domaine de l'aéronautique civil et militaire, est décédé ce lundi 28 mai à l'âge de 93 ans des suites d'une défaillance cardiaque, au siège du groupe Dassault Aviation, selon un communiqué publié par Le Figaro, journal qu'il possédait. Cinquième fortune de France selon le classement du magazine Challenges, le fils de Marcel Dassault était devenu, en 1987, PDG de Dassault Industries devenu depuis le Groupe Dassault. Ce polytechnicien était aussi diplômé de l'École nationale supérieure de l'aéronautique et de l'espace (SUPAERO).

"La famille Dassault a la douleur de faire part du décès de Serge Dassault, aujourd'hui 28 mai 2018 dans l'après-midi, à son bureau du Rond-Point des Champs-Élysées Marcel-Dassault, par suite d'une défaillance cardiaque, à l'âge de 93 ans. La famille et le groupe Dassault communiqueront ultérieurement les modalités de l'hommage qui sera rendu à Serge Dassault", a déclaré la famille dans un communiqué.

Serge Dassault avait choisi en juin 2014 Charles Edelstenne, son bras droit, pour lui succéder à la tête de Groupe Dassault, la holding de tête qui détient notamment Dassault Aviation, Dassault Systèmes, le Groupe Figaro... Il avait quatre enfants, dont Olivier Dassault, député LR de l'Oise. Politiquement engagé à droite, il a aussi été maire de Corbeil-Essonnes de 1995 à 2009 et sénateur de 2004 à 2017 encarté chez les Républicains.

Le président Emmanuel Macron a rendu hommage à Serge Dassault, en estimant que "la France perd un homme qui a consacré sa vie à développer un fleuron de l'industrie française". "Son engagement politique se fonda sur un fort enracinement dans l'Essonne et le souci de libérer les énergies entrepreneuriales et la compétitivité des entreprises françaises", salue le chef de l'État dans un communiqué. "Toute sa vie, Serge Dassault aura veillé avec une attention extrême aux choix stratégiques du groupe hérité de son père, lui permettant d'opérer les virages indispensables et de conduire des innovations multiples", ajoute Emmanuel Macron.

Fleuron de l'industrie française

L'industriel dirigeait l'un des fleurons industriels tricolores et l'une des entreprises préférées des Français. Même si en 2018 le carnet de commandes fait un peu grise mine, les fondamentaux économiques et financiers du constructeur des avions d'affaires Falcon et du Rafale restent très positifs. Le 8 mars 2018, l'actuel PDG de Dassault Aviation Éric Trappier, à l'occasion de la présentation des résultats de 2017, en présence de son actionnaire majoritaire Serge Dassault, s'était montré optimiste. Le constructeur a amélioré ses résultats par rapport à 2016 : 4,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2017 (3,58 milliards en 2016), 489 millions de résultats net ajusté (384 millions) et 4,1 milliards de trésorerie grâce à une baisse des stocks (3,1 milliards).

Un groupe de souveraineté nationale

Avec la mort de Serge Dassault, le groupe ne devrait pas entrer dans des guerres de succession. Il est d'ailleurs solidement tenu par Charles Edelstenne. En décembre 2014, l'État français a également souhaité garantir la pérennité du groupe en passant une convention avec la holding familiale, Groupe Industriel Marcel Dassault (GIMD) devenue Groupe Dassault, qui lui permet de se poser en gardien du temple afin de préserver ses intérêts stratégiques et de souveraineté au sein de l'avionneur. Le Rafale est le vecteur de la composante nucléaire aéroportée française. Une opération sans rien débourser. Ou presque. Avec une seule action Dassault Aviation en sa possession, il a pu s'inviter dans la succession de Serge Dassault.

Ainsi, l'État - via l'agence des participations de l'État (APE) et la direction générale de l'armement - et le groupe industriel Marcel Dassault ('GIMD), actionnaire majoritaire de Dassault Aviation, ont conclu "une convention d'une durée minimale de 20 ans permettant à l'État d'assurer la défense de ses intérêts essentiels en cas d'évolution du contrôle de cette entreprise stratégique, du fait notamment de sa contribution à la composante aéroportée de la dissuasion nucléaire", selon un communiqué commun des trois ministères (Finances, Défense et Économie).

Cette convention prévoit d'octroyer à l'État un droit de préemption en cas de cession d'actions par GIMD entraînant sa perte de contrôle sur Dassault Aviation si par exemple GIMD devait franchir à la baisse le seuil de 40 % du capital du constructeur du Rafale. Ce droit de préemption s'appliquera également à toute cession ultérieure de titres Dassault Aviation effectuée par GIMD après la perte de son contrôle. "Cette convention n'est pas constitutive d'une action de concert entre les parties, chacune conservant son entière liberté de gestion de sa participation et d'exercice de ses droits de vote", avait expliqué le communiqué de l'État.