La technologie française tout près d'écouter battre le cœur de Mars

Par Michel Cabirol  |   |  500  mots
L'objectif scientifique de la mission InSight est de comprendre comment s'est formée Mars et comment elle a évolué (Crédits : NASA)
Embarqué à bord de la mission martienne de la NASA, InSight, le sismomètre français va analyser l'activité sismique de Mars. Ce qui permettra de mieux comprendre la structure interne de la planète rouge.

Les Terriens n'ont jamais été aussi près d'entendre "battre le cœur" de Mars pour en découvrir quelques uns de ses mystères... grâce à la technologie française. A bord de la mission américaine InSight (INterior exploration using Seismic Investigations Geodesy and Heat Transport), qui doit décoller le 5 mai de la base aérienne de Vanderberg en Californie, le sismomètre SEIS (Seismic experiment for interior structure) va analyser, peu de temps après l'atterrissage d'InSight le 26 novembre sur Mars, les séismes, les impacts météoritiques ainsi que l'effet de marée produit par Phobos, pour savoir ce que cache l'intérieur de la planète rouge. Selon le CNES, le maître d'oeuvre du sismomètre, SEIS est "l'instrument central de la mission" d'InSight.

"Nous savons que Mars a une croûte, un manteau et un noyau dont nous avons de très fortes raisons de penser qu'il est liquide, a expliqué Philippe Logonné, patron de l'équipe planétologie et sciences spatiales de l'Institut physique du Globe de Paris (IPGP), responsable scientifique de SEIS et concepteur des capteurs à large bande de fréquence (VBB) qui sont le cœur du programme. Mais une fois qu'on a exprimé cela, on a à peu près tout dit de nos connaissances sur la structure interne de la planète Mars".

Pour le président du CNES Jean-Yves Le Gall, le programme SEIS, qui a coûté 100 millions d'euros, est "la carte de visite de ce que sait faire de mieux la France dans le spatial". La réalisation de cet instrument a été confié à la PME française Sodern. Cette filiale d'ArianeGroup avait rencontré fin 2015 un problème de design de SEIS, qui devait décoller au printemps 2016. Cet aléa technique a entraîné un report de deux ans de la mission InSight en raison de la rareté des fenêtres de lancement. La dernière mission comprenant un sismomètre à la surface de la planète rouge était Viking, en 1976. Confié à Lockheed Martin, InSight devrait donc lui succéder quarante-deux ans plus tard.

Comprendre Mars

L'objectif scientifique de la mission InSight est de comprendre comment s'est formée Mars et comment elle a évolué jusqu'à devenir le désert glacé d'aujourd'hui. Grâce à des instruments sophistiqués de géophysique encore jamais utilisés sur Mars, InSight va donc pouvoir mesurer l'activité sismique de la planète rouge. Les mesures sismiques de SEIS, de flux de chaleur interne et des subtiles variations de la vitesse de rotation de la planète, vont permettre de mieux comprendre sa structure interne. Taille et nature du noyau, viscosité du manteau et épaisseur de la croûte : les secrets de l'intérieur de Mars vont être percés, ce qui permettra d'en savoir plus sur sa formation et son évolution.

En dehors des contributions des partenaires internationaux, le coût de la mission pour la NASA est de 814 millions de dollars, dont 160 millions pour le lancement.