Le jour où la Défense a perdu la tête... au salon du Bourget

Par Michel Cabirol  |   |  702  mots
En plein salon aéronautique du Bourget, les armées sont sans ministre.
En plein salon du Bourget, Sylvie Goulard renonce au ministère des Armées tandis que Laurent Collet-Billon est donné partant dans le milieu de la Défense.

En plein salon aéronautique du Bourget, vitrine du savoir-faire de l'industrie aéronautique française, la Défense se retrouve... sans ministre. Un moment très mal choisi quand les délégations du monde entier se pressent au salon pour prendre contact, s'informer, discuter, négocier avec les autorités françaises soit une demande d'informations, soit un contrat, soit une coopération, soit un partenariat stratégique. Mais le calendrier politique a très clairement bousculé celui du salon du Bourget. Ainsi, Emmanuel Macron a accepté mardi le choix de la ministre des Armées, Sylvie Goulard, de ne pas faire partie du prochain gouvernement pour démontrer sa "bonne foi" si elle venait à être entendue dans l'enquête sur les assistants parlementaires au Parlement européen du MoDem, parti dont elle est issue.

En revanche, ce qui est plus surprenant et très mal géré, ce sont les rumeurs qui donnent Laurent Collet-Billon partant en plein salon, le jour même du renoncement de Sylvie Goulard. "Sauf coup de théatre lié à la démission de Sylvie Goulard, Laurent Collet-Billon devrait quitter son poste de délégué général pour l'armement fin juin", a révélé le journal L'Opinion. La décision aurait été prise par l'Elysée. Le même jour, ça fait beaucoup pour les militaires et les industriels pour lesquels le salon du Bourget est une aubaine incroyable dans la mesure où la plupart de leurs clients sont à Paris pour l'occasion. Quatre jours de salon correspondent à de très nombreux déplacements. Ce qui leur fait gagner beaucoup, beaucoup de temps.

"Je viens, je ne viens pas"

Pourtant tout avait bien commencé lundi au salon du Bourget avec Emmanuel Macron au meilleur de sa forme, accompagné de Sylvie Goulard. Selon la délégation à l'information et à la communication de la défense, la future ex-ministre des Armées devait même faire la tournée des popottes mardi en visitant notamment les stands de MBDA, Nexter, ONERA, Safran, Dassault Aviation, Thales, ArianeGroup et Airbus. Elle avait également programmé de se rendre sur les pavillons britannique, italien, espagnol et allemand. Mais mardi matin à 9h38, un communiqué de la ministre annonce qu'elle ne souhaite "plus faire partie du gouvernement". Dans la matinée, certains industriels stupéfaits restaient persuadés qu'elle ne renoncerait pas à sa visite... Pari manqué. En revanche, elle a maintenu la traditionnelle réception à l'Hôtel de Brienne où les journalistes ont été triés sur le volet contrairement aux années précédentes.

"Le Président de la République a entrepris de restaurer la confiance dans l'action publique, de réformer la France et de relancer l'Europe, écrit-elle. Cette entreprise de redressement doit l'emporter sur toute considération personnelle. C'est pourquoi j'ai demandé au président de la République, en accord avec le Premier ministre, de ne plus faire partie du gouvernement. Dans l'hypothèse où l'enquête préliminaire visant le MoDem conduirait à vérifier les conditions d'emploi de mes assistants au Parlement européen, je souhaite être en mesure de démontrer librement ma bonne foi et tout le travail que j'y ai accompli. La mission de défense impose une exigence particulière. L'honneur de nos armées, celui des hommes et des femmes qui  y servent, parfois au péril de leur vie, ne sauraient être mêlés à des polémiques auxquelles ils n'ont aucune part."

Qui pour la remplacer ? Les noms de Jean-Pierre Raffarin, président de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des forces armées du Sénat, d'Arnaud Danjean, député européen (Les Républicains) spécialiste des questions de sécurité et de Défense, des députés de La République en marche, Gwendal Rouillard et Jean-Jacques Bridey, spécialistes également des questions de défense, circulaient mardi dans l'attente du remaniement prévu mercredi. Et qui pour remplacer Laurent Collet-Billon, en course pour se succéder ? Parmi les plus cités, le PDG de l'ONERA, Bruno Sainjon et deux femmes de la DGA : Monique Legrand-Larroche, directrice des opérations, et Caroline Laurent, directrice de la stratégie.