Les Etats-Unis vont se retirer d'un traité sur les armes nucléaires conclu avec la Russie

Par latribune.fr  |   |  756  mots
Les Russes "violent depuis de nombreuses années", le traité INF (Intermediate Nuclear Forces Treaty) sur les armes nucléaires de portée intermédiaire, a assuré Donald Trump. "Nous n'allons pas les laisser violer l'accord nucléaire et fabriquer des armes alors que nous n'y sommes pas autorisés".
Donald Trump a confirmé que les Etats-Unis allaient se retirer du traité INF (Intermediate Nuclear Forces Treaty) sur les armes nucléaires de portée intermédiaire signé en 1987. Le président américain accuse Moscou de le violer "depuis de nombreuses années".

Décidément les Etats-Unis de Donald Trump bousculent (trop ?) les relations internationales et la stabilité mondiale. Mais jusqu'où iront-ils ? Le président américain a confirmé samedi que les Etats-Unis allaient se retirer d'un traité sur les armes nucléaires conclu avec la Russie pendant la Guerre froide, accusant Moscou de le violer "depuis de nombreuses années". "La Russie n'a pas respecté le traité. Nous allons donc mettre fin à l'accord et développer ces armes", a affirmé le président américain, à propos du traité INF (Intermediate Nuclear Forces Treaty) sur les armes nucléaires de portée intermédiaire signé en 1987 par les présidents américain et soviétique de l'époque Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev.

"Ils le violent depuis de nombreuses années", a assuré Donald Trump. "Je ne sais pas pourquoi le président (Barack) Obama n'avait pas renégocié ou ne s'était pas retiré", a-t-il regretté à propos de son prédécesseur démocrate. "Nous n'allons pas les laisser violer l'accord nucléaire et fabriquer des armes alors que nous n'y sommes pas autorisés. Nous, nous sommes restés dans l'accord et avons honoré l'accord. Mais la Russie n'a malheureusement pas respecté l'accord", a martelé le président américain.

Moscou accuse Washington d'avoir sapé le Traité INF

Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov a déclaré que ce retrait, s'il était confirmé, serait une initiative très dangereuse de la part de Washington. Pour Sergueï Riabkov, l'administration américaine se sert du traité INF pour exercer un chantage envers Moscou et met en péril la sécurité internationale. Ce retrait est motivé par le "rêve" des Américains de dominer seuls le monde, a rapidement réagi par ailleurs une source au ministère russe des Affaires étrangères, en accusant Washington d'avoir "délibérément" sapé cet accord au fil des ans. "Cette décision entre dans le cadre de la politique américaine de retrait des accord internationaux légaux qui lui donnent autant de responsabilité qu'à ses partenaires et fragilise donc l'idée de sa propre exception", a poursuivi cette source.

"C'est une façon de présenter à la Russie un ultimatum", a estime le vice-ministre des Affaires étrangères. "Nous rejetons ces méthodes, qui deviennent de plus en plus fréquentes dans la politique américaine vis-à-vis de la Russie. Nous n'accepterons évidemment pas de tels ultimatums ou de tels chantages."

L'administration américaine se plaint du déploiement par Moscou du système de missiles 9M729, dont la portée selon Washington dépasse les 500 km, ce qui constitue une violation du traité INF. Selon le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, la Russie a mis au point un missile, le Novator 9M729, comparable aux missiles russes mer-sol à courte portée mais capable de frapper une cible distante de 500 à 5.500 km, ce qu'interdit le traité INF. Ce traité, en abolissant l'usage de toute une série de missiles d'une portée variant de 500 à 5.500 km, avait mis un terme à la crise déclenchée dans les années 1980 par le déploiement des SS-20 soviétiques à têtes nucléaires ciblant les capitales occidentales.

John Bolton, le dur de dur

Donald Trump a fait cette annonce alors que son conseiller à la Sécurité nationale, John Bolton, était à Moscou samedi pour "poursuivre" le dialogue controversé entamé en juillet entre le président des Etats-Unis et son homologue russe Vladimir Poutine. Il devait notamment y rencontrer le ministre russe de Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le secrétaire du Conseil de sécurité Nikolaï Patrouchev. Selon le Guardian, c'est le boute-feu John Bolton lui-même qui fait pression sur le président américain pour un retrait du traité INF. C'est aussi lui qui bloque toute négociation pour une extension du traité New Start sur les missiles stratégiques, qui arrive à expiration en 2021 et que Moscou cherche à prolonger.

Les relations sont tendues entre Washington et Moscou, sur fond d'accusations d'ingérence russe dans les élections américaines. Le président américain avait promis avant son élection de renouer de meilleures relations avec la Russie. En juillet, il s'était montré extrêmement conciliant à l'égard de son homologue russe Vladimir Poutine lors d'une conférence de presse commune à Helsinki, après leur premier sommet bilatéral en Finlande. Le 11 novembre, les deux dirigeants se retrouveront à Paris pour les commémorations de la fin de la Première guerre mondiale.