Proglio renonce à Thales, après les pressions de Bercy

Par latribune.fr  |   |  283  mots
"À un moment, je dis : ça suffit !", a expliqué Henri Proglio au Monde.
Rappelé à l'ordre par Bercy, qui lui a demandé de rompre ses liens avec Rosatom, l'agence russe de l'énergie atomique, Henri Proglio a préféré renoncer à la présidence du conseil d'administration du groupe d'électronique et de défense.

Henri Proglio en a "assez du soupçon, de l'humiliation". Dans un entretien accordé au Monde mardi 12 mai, celui qui devait être nommé mercredi président du conseil d'administration du groupe d'électronique et de défense Thales annonce qu'il n'est "pas candidat à ce poste".

"Je pensais l'affaire entendue puisque l'Etat avait réitéré à trois reprises son accord, par la voix de François Hollande [le président de la République], de Manuel Valls [le Premier ministre] et de Jean-Yves Le Drian [le ministre de la Défense]. Or, je suis sali depuis des semaines par une campagne alimentée par Bercy. À un moment, je dis : ça suffit !", explique-t-il au quotidien.

Rappelé à l'ordre par Bercy

La semaine passée, Le Monde avait révélé que le ministère de l'Économie avait demandé à l'ancien dirigeant d'EDF de rompre ses liens avec Rosatom, l'agence russe de l'énergie atomique.

Bercy invoquerait "une question de principe pour éviter de possibles conflits d'intérêts", rapporte l'agence. L'ancien dirigeant exécutif d'EDF, recevrait une rémunération "même indirectement", de la part de cette agence, écrivait le quotidien qui cite l'entourage d'Emmanuel Macron, le ministre de l'Economie. Henri Proglio siège au conseil d'administration de deux sociétés liées à Rosatom, Akkuyu Nuclear JSC et Fennovoima Ltd.

Un avocat d'Henri Proglio aurait adressé une note à Bercy et à l'Elysée dans laquelle il indique que les deux sociétés en question ont été créées pour des projets de centrales nucléaire en Finlande et en Turquie, et "ne portent pas sur des points stratégiques susceptibles d'influencer [ses] prises de décision au sein du groupe Thales", précise Reuters.