Solar Impulse achève son tour du monde sans une goutte de carburant

Par latribune.fr  |   |  812  mots
André Borschberg et Bertrand Piccard, les deux pilotes de SI2
L'avion solaire Solar Impulse 2 s'est posé ce mardi à Abou Dhabi d'où il était parti le 9 mars 2015 pour ce périple de 43.000 kilomètres, à travers quatre continents, et de près de 500 heures de vol pour ses pilotes, les Suisses Bertrand Piccard et André Borschberg qui se sont relayés aux commandes du monoplace.

L'avion solaire solaire Solar Impulse 2 (SI2) a bouclé ce mardi son incroyable tour du monde sans carburant en se posant à Abou Dhabi, son point de départ, après 16 mois de voyage. L'avion s'est posé sans encombre à 04H05 (00H05 GMT) à l'aéroport Al-Batten, près de la capitale des Emirats arabes unis, d'où il était parti le 9 mars 2015 pour un périple de plus de 43.000 kilomètres, à travers quatre continents, et de près de 500 heures de vol pour ses pilotes, les Suisses Bertrand Piccard and André Borschberg qui se sont relayés aux commandes du monoplace tout au long de ce tour du monde.

Plus de 48 heures pour la dernière étape

Pour cette dix-septième et dernière étape, l'appareil piloté par Bertrand Piccard est parti dimanche du Caire. Il a parcouru les 2.763 km qui sépare la capitale égyptienne d'Abou Dhabi en un peu plus de 48 heures.

"L'avenir est propre", a lancé Bertrand Piccard, applaudi et accueilli sur le tarmac aux cris de "Bravo, bravo".

Il a été aussitôt rejoint par son compatriote André Borschberg.

"C'est tellement passionnant" de voler à bord d'un avion qui ne fait "pas de bruit, pas de pollution", a déclaré Bertrand Piccard aux journalistes. "On croit que c'est de la science-fiction mais en fait c'est la réalité aujourd'hui", a ajouté le pilote, qui ne montrait pas de signes de fatigue.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a exprimé sa "profonde admiration" pour cette expérience.

"C'est un jour historique, non seulement pour vous mais l'humanité", a-t-il ajouté à l'adresse de Bertrand Piccard alors qu'il survolait les eaux du Golfe.

17.000 cellules photovoltaïques sur ses ailes

Pesant une tonne et demi mais d'une envergure aussi grande qu'un Boeing 747, le SI2 a volé à une vitesse moyenne d'environ 80 km/h grâce à des batteries qui emmagasinent l'énergie solaire captée par quelque 17.000 cellules photovoltaïques sur ses ailes.

"J'ai lancé le projet @solarimpulse en 2003 pour transmettre le message que les technologies propres peuvent réaliser l'impossible", a rappelé Bertrand Piccard dans un tweet.

Il a réalisé son rêve. Mais il a mis du temps: la circonvolution, à plus de 8.500 mètres d'altitude au maximum, aura duré plus d'un an et quatre mois. Elle était prévue au départ pour durer cinq mois, dont 25 jours de vol effectif.

16 escales autour du monde

Destiné à promouvoir les énergies renouvelables, Solar Impulse 2 a fait 16 escales autour du monde.

Parti d'Abou Dhabi, l'avion s'est posé successivement à Mascate (Oman), Ahmedabad et Varanasi (Inde), Mandalay (Birmanie), Chongqing et Nanjing (Chine), puis Nagoya (Japon) et Hawaï (Etats-Unis). Pour cette étape longue de 9.0000 km, André Borschberg a battu en juillet 2015 le record du monde du plus long vol en solitaire sans ravitaillement, avec 118 heures, un peu moins de 5 jours et 5 nuits (du 28 juin 2015 au 3 juillet 2015). Les dégâts causés aux batteries pendant la traversée ont obligé l'avion à rester au sol pendant neuf mois à Hawaï. Après cette escale technique imprévue, l'avion a repris son périple. Il s'est ensuite posé à San Francisco, puis a traversé les Etats-Unis en s'arrêtant à Phoenix, Tulsa, Dayton, Lehigh Valley et New York. Puis Bertrand Piccard a effectué la première traversée de l'Atlantique sans escale ((6.765 kilomètres).pour se poser le 23 juin à Séville, dans le sud de l'Espagne, d'où il a rallié le 13 juillet Le Caire.

 "C'est un exploit dans l'histoire de l'énergie", a souligné Bertrand Piccard à Abou Dhabi, estimant que le monde "doit aller de l'avant" dans l'exploitation des énergies propres.

Un exploit humain

En plus d'une performance technologique, le tour du monde de Solar Impulse 2 est un exploit humain. Les deux Suisses ont piloté à tour de rôle dans un cockpit de 3,8 m2 sans air conditionné ni chauffage, mais équipé de bouteilles d'oxygène pour permettre aux pilotes de respirer et d'un coin toilettes. La cabine est recouverte d'une mousse isolante pour atténuer les températures extrêmes en vol, entre +40 et -40 degrés Celsius.

Une situation qui a fait dire à André Borschberg que ce fut "un défi plus humain que technique".

"On fait des petites siestes de 20 minutes. Des exercices dans le cockpit, une demi-heure, le matin et l'après-midi, sinon au bout de plusieurs jours on ne peut plus bouger les bras et les jambes", a expliqué Bertrand Piccard.

"Très bientôt, il y aura des passagers sur des avions électriques qui seront rechargés sur le sol", a-t-il pronostiqué, estimant toutefois qu'il faudra attendre avant d'en voir sur des avions solaires.