Toujours pas de date pour le retour dans le ciel du Boeing 737 MAX

Par AFP  |   |  702  mots
(Crédits : Lindsey Wasson)
Plus de six mois après l'immobilisation au sol du Boeing 737 MAX suite à deux accidents ayant fait 346 morts, il n'y a toujours pas de date pour son retour dans le ciel, a indiqué lundi l'agence fédérale de l'aviation (FAA), le régulateur aérien américain.

Le 737 MAX est cloué au sol depuis plus de six mois, un record pour un nouveau modèle. Par comparaison, le Boeing 787 était resté absent des airs pendant trois mois en 2013 après des problèmes de départ de feu lié aux batteries.

Steve Dickson, le nouveau chef de la FAA, a en outre indiqué que la levée de l'interdiction de vol se fera pays par pays, semblant ainsi prendre acte des divergences existant entre les autorités de l'aviation civile mondiales. Il a par ailleurs confirmé à ses pairs, réunis à Montréal, qu'il envisageait de voler lui-même dans le 737 MAX modifié avant que celui-ci ne retourne dans le ciel américain, selon le texte de son discours transmis à l'AFP.

"La FAA continue à suivre un processus minutieux, et non un calendrier imposé, pour remettre en service l'appareil", a déclaré M. Dickson.

Il a ajouté que le régulateur continue à examiner les changements apportés par Boeing au logiciel MCAS, le système anti-décrochage spécialement conçu pour le MAX et mis en cause, par des enquêtes préliminaires, dans les accidents d'Ethiopian Airlines du 10 mars dernier et de Lion Air du 29 octobre 2018.

"Notre priorité est la sécurité, et (par conséquent) nous n'avons pas arrêté de calendrier pour savoir quand notre inspection sera terminée", a-t-il insisté.

Pas de retour global possible

La FAA a par ailleurs reconnu lundi que les dissensions avec les autres régulateurs, notamment les Européens et les Canadiens, n'allaient pas permettre au 737 MAX modifié de revenir dans le ciel mondial de manière simultanée.

"Chaque gouvernement prendra sa propre décision sur le retour en service de l'appareil, fondée sur un examen approfondi sur sa sécurité", a déclaré le régulateur, dont la proximité avec Boeing est dénoncée de toutes parts depuis plusieurs mois. Il lui est reproché notamment d'avoir été la dernière autorité à clouer l'avion au sol et d'avoir confié à Boeing l'homologation des systèmes importants du 737 MAX, dont le MCAS.

Les autorités indonésiennes estiment, dans les conclusions préliminaires d'un rapport, que des problèmes dans la conception du 737 MAX et dans sa supervision ont joué un rôle important dans le crash de l'appareil de Lion Air au large de l'Indonésie en 2018, selon le Wall Street Journal. Un panel de régulateurs internationaux, mis en place par la FAA, devrait par ailleurs remettre dans les prochaines semaines un rapport très critique sur les relations entre Boeing et l'autorité.

144.500 dollars à chaque famille de victimes

Le géant aéronautique américain Boeing a proposé lundi de verser 144.500 dollars à chaque famille des 346 victimes des deux accidents de 737 MAX sur les compagnies Lion Air et Ethiopian Airlines. Les proches des disparus peuvent déposer leurs demandes d'indemnisation dès ce jour et jusqu'au 31 décembre, précise un communiqué du fonds dédié à ces indemnisations.

Géré notamment par Kenneth Feinberg, un célèbre avocat américain spécialisé dans les fonds de compensation des victimes, ce fonds est doté au total de 100 millions de dollars. Ce montant représente un peu moins que le prix catalogue d'un 737 MAX, dont tous les modèles sont cloués au sol dans le monde entier depuis l'accident du vol d'Ethiopian Airlines en mars en Ethiopie, qui s'est produit quelques mois seulement après celui de Lion Air en Indonésie, en octobre 2018.

Pour recevoir l'argent, les familles n'auront pas besoin de renoncer à d'éventuelles poursuites judiciaires.

"Le fonds est séparé et à part de tout contentieux. Le fonds est purement volontaire; personne n'est forcé d'y participer", assurent ses représentants.

L'avionneur fait en effet face à une centaine de plaintes, les victimes étant des ressortissants de plus d'une trentaine de pays. Les plaignants, qui réclament des centaines de millions de dollars à Boeing, affirment que le système de contrôle de vol du constructeur avait un défaut de conception, ce que rejette l'avionneur.

Les indemnisations seront versées dès que les dossiers auront été approuvés, souligne le fonds en précisant que tout demandeur devra prouver qu'il agit au nom d'une famille des victimes.