Les lobbies des sodas reprennent confiance face à la taxe gouvernementale

Par Sophie Lécluse  |   |  361  mots
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Ils ont désormais un mois pour convaincre les députés de suivre les sénateurs dans le rejet de cette taxe votée en octobre. Mais l'Assemblée promet déjà qu'elle aura le dernier mot.

Le Sénat à majorité de gauche a voté contre la taxe sodas dans la nuit de lundi à mardi, s'opposant ainsi à la hausse des droits d'accise sur les boissons sucrées et édulcorées, censée rapporter 280 millions d'euros, et votée difficilement par l'Assemblée nationale en octobre. "Nous nous félicitons de ce vote même si nous ne communiquerons pas la dessus", explique un porte parole de Coca-Cola Entreprise (CCE) à la Tribune. "Il nous reste désormais un mois pour prouver à l'Assemblée nationale que cette taxe micro ciblée est injuste et donc inacceptable."

L'entreprise américaine, comme ses concurrents PepsiCo et Orangina, a pourtant peu de chance de réussir à inverser la donne. Interrogé par La Tribune, le député du Bas-Rhin, Yves Bur, un des initiateurs du vote de l'Assemblée, est formel. "Après la commission mixte paritaire, l'Assemblée reviendra sur le texte initialement adopté. Il n'est pas question de perdre les 100 millions d'euros déjà votés, les vendeurs de sodas sont trop optimistes", nous déclare-t-il.

Le Sénat, lui, a mis en avant le caractère incohérent de cette taxe inventée d'abord afin de lutter contre l'obésité puis, après inclusion des boissons à base d'édulcorants, censée simplement renflouer les caisses de l'Etat. "Le gouvernement invoque la lutte contre l'obésité mais je ne trouve pas trace de cette taxation dans le plan national Nutrition-santé, il fallait surtout trouver une recette de poche", a justifié le rapporteur de la commission des Finances, Nicole Bricq (PS), à l'origine des amendements de suppression de taxes adoptés.

Coca-Cola, de son côté, continue d'agiter le chiffon rouge du pouvoir d'achat des consommateurs. "Nous devrons payer 50% de la nouvelle taxe à nous seuls, soit quelques 140 millions d'euros, que nous sommes invités, puisque c'est une taxe comportementale, à reporter directement dans nos prix de vente", explique CCE. La bouteille de 1,5 litre de Coca-Cola passera ainsi de 1,35 à 1,50 euro et neuf foyers sur dix seront "touchés" par cette hausse de prix. Les amateurs de marques de distributeur seront encore plus à plaindre, puisque le prix devrait augmenter sur ces produits, non plus de 10% mais de 20%.