La voie lactée de Lactalis sur le point de s'étendre à nouveau

Par Sophie Lécluse  |   |  476  mots
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Le groupe de Laval (Lactel, Bridel, Président...) est entré en négociation exclusive avec Skanemejerier, le numéro deux suédois du lait. Ce dernier doit rendre sa décision lundi. La transaction intervient quatre mois à peine après la prise de contrôle de l'italien Parmalat, finalisée en juillet dernier.

Pâques en Italie, Noël en Suède ! Le président de Lactalis, Emmanuel Besnier, continue sa course effrénée à travers l'Europe pour renforcer son leadership mondial dans les produits laitiers. Après avoir déjà mis la main cette année sur l'italien Parmalat pour environ quatre milliards d'euros, il est actuellement en négociation exclusive avec la deuxième coopérative laitière suédoise, Skanemejerier, (330 millions d'euros de chiffre d'affaires) pour en prendre le contrôle.

Selon nos informations, confirmées par Lactalis et la direction suédoise, les 42 représentants des 600 membres de la coopérative voteront ce lundi 19 décembre pour donner ou non leur accord à la vente. Parmalat avait été avalé en à peine deux mois. Lactalis a, une fois encore, mené une guerre éclair puisque les discussions n'auraient commencées que début novembre.

Après l'Europe du sud, l'opération, si elle aboutissait, permettrait au groupe de Laval d'ouvrir un nouveau marché à fort pouvoir d'achat pour y développer ses marques fortes : le camembert Président, le lait Lactel ou encore la mozzarella Galbani. Il s'offrirait aussi des approvisionnements à des prix attractifs. Pour le moment, le prix d'achat est encore inconnu mais, selon un journal suédois, Lactalis garantirait un prix au litre de six centimes au dessus du marché pendant 10 ans aux producteurs locaux. Interrogé par La Tribune, le porte-parole de Lactalis n'a pas souhaité donner de précision.

Pour Skanemejerier, cette opération apparaît salutaire. La coopérative, qui ne représente que 12% du marché suédois du lait, loin derrière le quasi monopole du leader, Arla (75%), n'est plus rentable. Ses pertes opérationnelles s'élevaient à 5,6 millions d'euros en 2010. « Cet accord sera bénéfique pour nos fermiers qui vont pouvoir continuer à produire localement », explique à La Tribune, Anna Forslid, représentante des coopérateurs au comité exécutif de Skanemejerier. Beaucoup moins véhéments que leurs homologues italiens dans le dossier Parmalat, les Suédois sont alléchés par les débouchés internationaux que Lactalis leur fait miroiter. La même coopérative a d'ailleurs cédé en juillet 2010 51 % de sa branche de jus santé ProViva à Danone pour les mêmes raisons. Il s'agissait alors d'étendre au reste de l'Europe cette activité florissante de 60 millions d'euros spécialisée dans des jus enrichis en probiotique Lp299v, censée améliorer le transit intestinal. Pourtant, Danone peine depuis à jouer son rôle de conquérant géographique en raison des législations européennes de plus en plus draconiennes et d'une désaffection des consommateurs pour ces « alicaments » (mélange d'aliment et de médicament). Espérons que Lactalis tiendra mieux ses promesses. Celle d'un bon prix du lait est déjà difficile à croire, Emmanuel Besnier n'étant pas vraiment connu pour sa générosité envers les producteurs.