Pernod Ricard concentre ses efforts sur le whisky écossais

Par Juliette Garnier  |   |  551  mots
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Le groupe français va investir 40 millions de livres dans ses distilleries et usines d'embouteillages d'Ecosse.

Pierre Pringuet le répète. "Chez Pernod Ricard, l'année 2012 ne sera pas celle des acquisitions majeures. Pour des raisons financières et d'environnement économique, il serait aventureux de prendre des paris stratégiques cette année", a indiqué à "latribune.fr" le PDG du groupe Pernod Ricard, en marge d'une réunion d'analystes financiers, ce mercredi 30 mai, à Glenlivet en Ecosse. Certes, le groupe français de vins et de spiritueux est en discussions avec HiteJinro pour lui racheter sa participation minoritaire de sa filiale sud-coréenne, Imperial, l'un des leaders du whisky coréen. Mais tout cela ne serait que broutille. Cette année, le groupe veut réduire son endettement en visant un ratio dette nette sur Ebitda de 3,9. Et, il concentre ses investissements sur le whisky écossais, alcool qui lui procure 30 % de ses 7,08 milliards d'euros de chiffre d'affaires mondial.

15 distilleries dans les Highlands

Dans les Highlands, le plus réputé des fiefs du whisky écossais où Pernod Ricard aligne 15 distilleries, 2 usines d'embouteillage et 300 entrepôts, le groupe français promet d'investir 50 millions d'euros par an. Dans quelques semaines, il inaugurera un nouvel atelier de bouteilles faites main pour ses éditions limitées de whisky de 25 ans d'âge. Et dans deux ans, vient-il d'annoncer, il aura relancé la distillerie de Glen Keith pour la production de whisky de malt, destiné à ses assemblages. "Nous en sortirons 6 millions de litres de production par an", précise le PDG de la filiale Chivas Brothers, Christian Porta. Pernod-Ricard relèvera aussi les capacités de distillation dans ses quatre autres usines (Glentauchers, Tormore, Longmorn et Glenallachie).

Les ventes de Chivas s'envolent

Le jeu en vaut la chandelle. Derrière l'anglais Diageo, Pernod Ricard est numéro deux mondial des Scotch whiskies. Depuis le rachat du canadien Seagram en 2001, le groupe a fait envoler les ventes de bouteilles de Chivas (+ 75 %) et The Glenlivet (+ 134 %) à travers le monde. Et depuis qu'il a avalé le britannique Allied Domecq en 2005, le groupe profite de sa marque Ballantine's (+ 19 %). En France, son premier marché, les fils à papa et les étudiants en école de commerce le plébiscitent pour leurs soirées en boîtes.

En Chine, où Pernod Ricard investit plus de 20 % de son chiffre d'affaires dans des campagnes de publicité prestigieuses, l'alcool écossais plaît aux nouveaux riches, dans des bouteilles Chivas ou Ballantine's vendues à plus de 100 euros. Et, dans les karaoké, les classes moyennes de tous le pays s'y convertissent, délaissant l'alcool local, le Baïju. La Russie n'est pas en reste. A en croire le patron de la zone, Eric Laborde, les Russes le préféraient - presque ! - à la vodka. Le whisky, petit segment des ventes d'alcool, y affiche 33 % de croissance en 2011 tandis que les volumes de vodka baissent. "En 2023, la Russie sera le premier des marchés européens du Scotch whisky", assure Eric Laborde.

Résultat : depuis plusieurs années, les ventes de whisky de Pernod-Ricard affichent des croissances de 10 % par an au global. Et l'avenir est aussi rose : les perspectives de croissance au Brésil, en Inde mais aussi en Afrique sont très encourageantes. Signe que la réputation du savoir-faire écossais n'a pas fini de faire le tour du monde. Et que, pour satisfaire cette soif, les distilleries et entrepôts de Pernod Ricard doivent pousser les murs.