L'Ecosse met des taxes dans son whisky

En Ecosse, les députés ont adopté le principe de l'imposition d'un prix minimum pour tous les alcools. Les entreprises du secteur et leurs alliés politiques, les conservateurs, le remettent en cause pour son manque de conformité avec la loi européenne sur la concurrence.
Les fûts de whisky de la célèbre distillerie d'Ardmore en Ecosse /AFP

Le Parlement écossais a voté jeudi soir la mise en place d'un prix minimum pour l'alcool, que ce soit dans les supermarchés, les bars et les restaurants : chaque unité d'alcool sera vendue au minimum 50 pence (0,62 euro), ce qui signifie qu'une bouteille de vin coûtera au moins 5,84 euros, quatre canettes d'une pinte de bière blonde 4,38 euros, une bouteille de whisky 17.45 euros et une bouteille de vodka 16,36 euros. Cette mesure vise à proscrire les ventes d'alcool avec de fortes promotions, comme par exemple en offrant une bouteille gratuite pour une achetée, une pratique commune dans le pays. Jeudi, 86 parlementaires ont voté en sa faveur, un contre (par erreur, a ensuite précisé la ministre de la Santé, responsable de ce vote) et 32 se sont abstenus.

Une première proposition avait été rejetée en septembre 2010

La mise en place d'un prix minimum de 45 pence par unité d'alcool avait été rejetée par les parlementaires en septembre 2010. Sans majorité au Parlement, le Parti national écossais s'était retrouvé esseulé avec les Verts face aux conservateurs, libéraux-démocrates et travaillistes. Depuis sa large victoire électorale en mai 2011, il a pu obtenir l'adoption de lois condamnant les réductions "irresponsables" du prix de l'alcool, appliqué depuis le 1er octobre dernier, ouvrant ainsi la voie à l'introduction future d'une "taxe de responsabilité sociale" pour les magasins vendant de l'alcool.

Six mois pour porter plainte auprès de Bruxelles

L'application de la loi, prévue le 1er avril prochain, n'est cependant pas assurée. Le parti conservateur écossais fait savoir depuis longtemps son opposition, qui prélude au déluge de plaintes des entreprises et lobbys du secteur. Il fera ainsi appel à Bruxelles pour s'assurer de sa légalité. "Ce n'est pas une volonté de contrecarrer la loi mais plutôt de nous assurer que tout a été fait pour déterminer si cette mesure est légale", a tenté de se justifier Jackson Carlaw, le responsable de la santé au sein du parti. Ce dernier se rendra à Bruxelles le mois prochain pour discuter de la question avec des politiciens européens et des entreprises du secteur. Ces dernières ont six mois pour porter plainte, comme leurs collègues du lobby de la cigarette, dans le cadre des lois sur la concurrence. Le gouvernement écossais devra prouver que sa mesure se justifie par des raisons sanitaires et sécuritaires majeures.

L'Angleterre pourrait suivre l'initiative écossaise

L'évolution du cas écossais est suivi de près à Londres car le reste du Royaume-Uni devrait prochainement connaître une mesure semblable. Le Premier ministre David Cameron entend imposer un prix unitaire minimal de 40 pence. Il a déjà fait voter des lois interdisant aux supermarchés de vendre de l'alcool à perte et a augmenté les taxes sur les cidres et les bières fortement dosées en alcool. Preuve de l'intensité du débat dans le pays et de la puissance des lobbies de l'industrie, son ministre de la santé Andrew Lansley est opposé à ces mesures, au motif qu'il préfère responsabiliser les buveurs.

Commentaires 6
à écrit le 27/05/2012 à 1:33
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Le pb de l'alcool en Ecosse comme dans tout le RU n'est pas un probleme de prix, c'est le probleme d'une veritable culture de la murge qui touche toutes les couches de la société et tous les ages. Il est banal de voir des hommes d'affaires bien sous ...

à écrit le 26/05/2012 à 19:15
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Toutes les économies occidentales sont dans une telle panade que bientôt ils vont taxer le bol d'air :-)

à écrit le 26/05/2012 à 19:04
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Bonne nouvelle pour les grandes surfaces du Pas de Calais et du Nord... On comprend pourquoi les Anglais ne veulent pas du fameux métro Trans Manche (liaison ferroviaire cadencée entre la France et le RU.

à écrit le 25/05/2012 à 21:28
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Et que pensez-vous d'une fromagerie en ligne qui soit intermédiaire entre les très chers crus artisans et les prix bas d'auchan mais moins cher que le boutiquier?

à écrit le 25/05/2012 à 19:01
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Un journaliste nommé Bourbon qui parle de Whisky ecossais c'est un vrai comble !!!!

à écrit le 25/05/2012 à 18:38
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Bref !.... un coût de vent dans le kilt !

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