Hermès : LVMH préparait bien une prise de contrôle

Par latribune.fr  |   |  561  mots
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Selon un rapport d'enquête de l'Autorité des marchés financiers cité par "Le Monde", le géant du luxe a bien travaillé depuis décembre 2006 à des scénarios de "prise de contrôle". Bernard Arnault, le pdg de LVMH, avait assuré le mois dernier : "nous avons fait un placement financier et il s'est dénoué d'une façon que nous n'avions pas prévue"...

Le géant français du luxe LVMH et son patron Bernard Arnault ont bien travaillé dès 2006 à des scénarios "de prise de contrôle" d'Hermès, selon un rapport d'enquête de l'Autorité des marchés financiers (AMF) cité par le journal Le Monde. Pour les enquêteurs du gendarme boursier français, le comportement de LVMH "ne trouve son sens que dans la préparation d'une montée au capital d'Hermès", et Bernard Arnault et son groupe ont travaillé depuis décembre 2006 à des scénarios "de prise de contrôle".

La commission des sanctions de l'autorité boursière doit se réunir le 31 mai

LVMH avait pris tout le monde par surprise en octobre 2010 en annonçant détenir quelque 17% d'Hermès --participation dans le groupe familial augmentée depuis à 22,3%. Le groupe avait eu recours à l'achat de produits financiers complexes qui lui avaient permis d'éviter d'avoir à déclarer progressivement des franchissements de seuil (5%, 10%, 15%...) auprès des autorités boursières. L'enquête de l'AMF, lancée il y a plus de deux ans, vise à savoir si le géant du luxe a ainsi manqué à ses obligations, la commission des sanctions de l'autorité boursière devant se réunir le 31 mai.

LVMH "entend contester vigoureusement les conclusions contenues dans ce rapport, tant pour ce qui concerne la régularité de la procédure que la matérialité des faits et leur qualification juridique", a indiqué le groupe à l'AFP dans une déclaration écrite. "La commission des sanctions, seule habilitée à en juger, ne statuera qu'après avoir examiné chacun des moyens présentés pour la défense de LVMH. Elle ne pourra alors que constater l'absence, de la part de LVMH, de tout manquement à la loi et au règlement de l'AMF", fait-il valoir.

Bernard Arnault : "nous n'avons pas du tout l'intention d'augmenter notre participation (...), nous sommes très amicaux dans nos intentions (...)

Le mois dernier, à l'occasion de l'assemblée générale des actionnaires de LVMH, un actionnaire avait demandé à Bernard Arnault s'il avait prévu de poursuivre sa montée dans le capital d'Hermès. "Vous savez, nous n'avions pas prévu d'être actionnaires de Hermès (...) Nous avons fait un placement financier et il s'est dénoué d'une façon que nous n'avions pas prévue", avait alors répondu sans rire Bernard Arnault. "Nous n'avons pas du tout l'intention d'augmenter notre participation (...), nous sommes très amicaux dans nos intentions (...), nous souhaitons être un soutien" pour Hermès, avait-il assuré.

La multiplicité des procédures en cours ne laisse en tout cas espérer aucun répit dans cette bataille. Le 10 juillet 2012, Hermès a ainsi déposé une première plainte pour "délit d'initié, complicité et manipulation de cours". En septembre, LVMH avait répliqué, en déclarant avoir porté plainte à son tour contre l'entreprise familiale pour "chantage, dénonciation calomnieuse et concurrence illicite".En octobre, le Parquet de Paris avait ouvert une enquête préliminaire, dans le cadre de laquelle le juge sollicitait l'avis de l'AMF. Le dossier est désormais entre les mains de la juge d'instruction.
Tout ceci n'empêche pas Hermès de vivre bien et même très bien sa vie. En 2012, le sellier a publié un chiffre d'affaires en très forte hausse à 3,48 milliards d'euros (+22%) assorti d'une marge opérationnelle record à 32,1%.