Colère des agriculteurs : 200 manifestants envahissent le siège de Lactalis

Par latribune.fr  |   |  610  mots
Lactalis « s'étonne » dans un communiqué « de la tenue de cette mobilisation et déplore les conditions dans lesquelles elle s'est déroulée ». (Crédits : Stephane Mahe)
« Lactalis, c'est le numéro un mondial du lait qui n'est pas capable de payer correctement ses producteurs », a déclaré Laurence Marandola, porte-parole nationale de la Confédération paysanne, depuis le hall d'accueil du groupe agro-industriel basé à Laval en Mayenne.

La colère des agriculteurs, malgré les annonces de Gabriel Attal est loin de s'éteindre. Préfecture d'Ille-et-Vilaine, action « coup de poing » en Haute-Saône contre Lactalis, A62 près de Montauban : les actions de mobilisation d'agriculteurs ont continué mercredi après les annonces du Premier ministre, à trois jours du Salon de l'agriculture où le président Emmanuel Macron est attendu au tournant.

Dernière action marquante ce mercredi : quelque 200 manifestants ont pénétré dans le siège de Lactalis à Laval, à l'appel de la Confédération paysanne, pour dénoncer les pratiques du géant de l'industrie laitière et réclamer une meilleure rémunération des éleveurs, a constaté un journaliste de l'AFP.

Aidés de deux tracteurs, les manifestants sont parvenus à forcer l'entrée du site et ont investi le hall d'accueil du siège, recouvrant les locaux d'autocollants proclamant « Notre métier a un prix. Lactalis, rends l'argent caché dans les paradis fiscaux ».

« Lactalis, prédateur de la valeur » et  « Lactalis tue », disaient des pancartes.

« Lactalis, c'est le numéro un mondial du lait qui n'est pas capable de payer correctement ses producteurs », a déclaré aux journalistes Laurence Marandola, porte-parole nationale de la Confédération paysanne, depuis l'accueil du groupe agro-industriel.

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La réponse de Lactalis

Lactalis « s'étonne » dans un communiqué « de la tenue de cette mobilisation et déplore les conditions dans lesquelles elle s'est déroulée » en précisant que « des négociations sous l'égide du médiateur des relations commerciales et agricoles (sont) actuellement en cours ».

« Les discussions entre Lactalis et l'organisation de producteurs Unell, dans le cadre des dispositions Egalim, portent sur un contrat de droit privé dans l'objectif de parvenir à une solution satisfaisante pour trouver un juste équilibre sur le prix du lait (...). Lactalis a été le premier à solliciter cette médiation dans une démarche constructive et dans la volonté de trouver rapidement une solution », affirme le groupe.

« Il y a tellement de profits qui ne ruissellent pas vers les producteurs et les éleveurs, c'est un scandale absolu », a dit Mme Marandola, accusant Lactalis de « pratiques asservissantes » et d'infliger des « représailles » à tous les éleveurs qui protestent publiquement contre ses méthodes en refusant de collecter leur lait.

« Aujourd'hui, il nous faut un geste significatif pour dire +on a compris ce que vivent les agriculteurs+ et qu'ils tiennent compte des coûts de production et qu'ils augmentent le prix du litre de lait », a réclamé Vincent Guillet, 60 ans, producteur de lait bio à Craon (Mayenne).

« Et si le premier producteur mondial donne le la, derrière ça va suivre », a-t-il estimé.

Interrogée sur les annonces faites dans la matinée par le Premier ministre Gabriel Attal, Mme Marandola a jugé que la nouvelle version de la loi Egalim, censée garantir aux agriculteurs un revenu tenant compte de leurs coûts de production, ne pouvait pas attendre cet été.

Et Gabriel Attal « n'a pas garanti un prix minimum qui permette de couvrir notre rémunération et nos coûts de production », a-t-elle critiqué.

Avec plus de 28 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2022, Lactalis a détrôné un autre mastodonte, Danone, comme leader français de l'agroalimentaire et intégré le top 10 mondial du secteur.

Le groupe, qui a fêté en octobre ses 90 ans, compte 270 sites de production dans 51 pays et 85.000 employés. Ses produits, dont les emballages ne portent aucune mention Lactalis, sont commercialisés dans 150 pays.

(Avec AFP)

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