Lactalis : revalorisé, le prix du lait reste « insuffisant » aux yeux des éleveurs

L'Union nationale des éleveurs livreurs Lactalis estime que le prix du lait proposé par le géant mondial est largement insuffisant « au regard des besoins ». Aux yeux des éleveurs, le tarif précédent ne tenait pas « compte du tout de la loi Egalim ». Or, cette dernière doit permettre de garantir la rémunération des exploitants agricoles.
Lactalis a annoncé samedi dernier qu'il augmentait son prix pour janvier de 15 euros, le faisant passer de 405 à 420 euros pour 1.000 litres (Photo d'illustration).
Lactalis a annoncé samedi dernier qu'il augmentait son prix pour janvier de 15 euros, le faisant passer de 405 à 420 euros pour 1.000 litres (Photo d'illustration). (Crédits : STEPHANE MAHE)

Lactalis est dans le viseur de ses propres fournisseurs. Le prix d'achat du lait proposé par le géant mondial à ses producteurs pour les deux premiers mois de 2024 est « clairement insuffisant », a affirmé l'association les représentant (Unell), lundi. Et ce, en dépit de la proposition d'augmentation réalisée par l'entreprise.

Bloqué dans des discussions avec l'Union nationale des éleveurs livreurs Lactalis (Unell), l'industriel a annoncé samedi dernier qu'il augmentait son prix pour janvier de 15 euros, le faisant passer de 405 à 420 euros pour 1.000 litres, et le fixait également à ce prix pour février. « Cet effort correspond à 15 euros de plus que la formule contractuelle Unell-Lactalis », avait insisté le groupe laitier.

« Le niveau de prix à 420€/1.000L annoncé par Lactalis reste clairement insuffisant au regard des besoins des éleveurs. Il s'agit par ailleurs d'un des prix les moins disant de la filière lait en France pour ce début d'année », a rétorqué Yohann Serreau, président de l'Unell.

« Nous ne refusons pas une augmentation du prix du lait. Bien au contraire, c'est ce à quoi nous œuvrons depuis plusieurs semaines », a-t-il plaidé.

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Un tarif hors des clous de la loi Egalim ?

L'Unell, qui fédère 11 organisations de producteurs et 5.200 éleveurs, indique qu'elle « ne peut pas accepter un tel niveau de prix alors qu'elle a proposé un compromis avec la reconduction du prix moyen 2023 sur le premier trimestre 2024 (soit 429€ /1000L) pour rétablir un climat de confiance ». Une médiation entre Lactalis et les producteurs, lancée le 29 janvier, se poursuit, ajoute-t-elle.

Et pour cause, dès la mi-janvier - avant même le début du mouvement social agricole en France -, des producteurs de lait avaient manifesté devant plusieurs sites Lactalis de l'ouest de la France. Objectif ? Dénoncer le prix de 405 euros pour 1.000 litres (soit 40 centimes le litre), fixé selon eux unilatéralement par le groupe.

Aux yeux des éleveurs, ce tarif « ne tient pas compte du tout de la loi Egalim » qui prévoit « de la négociation et de l'intégration des coûts de production du lait sorti de nos fermes ».

Le 1er février dernier, pour répondre à la colère des exploitants - et malgré plusieurs annonces précédentes - le Premier ministre, Gabriel Attal, a notamment promis un « renforcement » de la loi Egalim, qui vise à protéger la rémunération des agriculteurs. Sa recette ? Des « contrôles massifs » sur les industriels et les distributeurs, ainsi que des sanctions contre ceux qui ne respecteraient pas cette loi.

124 contrats illégaux

Lundi soir, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a annoncé avoir identifié 124 contrats, signés entre industriels et distributeurs dans le cadre des négociations commerciales, qui ne respectent pas la loi et a envoyé des injonctions pour contraindre les entreprises concernées à s'y conformer.

Sur les « 1.000 contrats signés » au terme des négociations commerciales qui se sont achevées le 31 janvier entre les « grands industriels » et les « cinq grands distributeurs », « 124 contrats ne respectent pas les règles de la loi », a affirmé Bruno Le Maire dans l'émission C à vous, diffusée sur France 5.

« J'ai donc envoyé des injonctions à tous les industriels et tous les distributeurs » dont les contrats ne sont pas conformes, a poursuivi le ministre.

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« Ils ont quinze jours pour expliquer pourquoi ils ne se sont pas conformés et pour s'y conformer, faute de quoi industriels et distributeurs encourront chacun une amende pouvant aller jusqu'à 5 millions d'euros », a menacé Bruno Le Maire, promettant de rendre public leurs noms.

Répondant aux accusations de Michel-Edouard Leclerc, le porte-voix de l'enseigne leader du secteur E.Leclerc, qui s'estime visé « personnellement » par « un groupe de députés » de la majorité, Bruno Le Maire a indiqué que E.Leclerc n'est « ni plus ni moins » dans le viseur du gouvernement.

« Les cinq distributeurs sont tous concernés par les enquêtes » lancées et « personne ne passera entre les mailles du filet », a assuré le numéro deux du gouvernement.

Et d'ajouter : « Les sanctions tomberont sur tous ceux qui ont triché ».

Concernant les centrales d'achat domiciliées à l'étranger qui permettraient aux distributeurs de contourner la loi, Bruno Le Maire a indiqué que les contrôles sont en cours et a rappelé que « tout produit vendu en France doit respecter la loi française ».

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 06/02/2024 à 8:27
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Les agriculteurs se sont fait avoir par les banques, puisque possédant en général un patrimoine immobilier important celles-ci leurs proposent d'investir dans des fermes high tech mais également particulièrement chères, hors de prix, ils osnt fous, v...

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