Crise du porc : la cotation en baisse, les éleveurs dépités

Par latribune.fr  |   |  635  mots
Les industriels estiment toujours que le prix de 1,40 euro est intenable face à la concurrence étrangère et demandent que le marché soit soumis au jeu de l'offre et de la demande.
La reprise des cotations du porc ce mardi a été marquée par une baisse du prix au kilo, à 1,389 euro, sous le seuil de 1,40 euro décidé en juin par les acteurs de la filière. Près de 16 000 porcs n'ont pas trouvé preneur, un total directement imputable aux deux industriels qui ont de nouveau boudé la séance, selon la direction du MPB.

Nouvelle journée difficile pour la filière porcine. La reprise de la cotation au Marché du porc breton (MPB) de Plérin, ce mardi 18 août, après une semaine d'absence de cotation liée au bras de fer entre industriels et éleveurs, a fixé un prix au kilo en baisse, à 1,389 euro. C'est un peu plus d'un centime en dessous du tarif déterminé mi-juin par l'ensemble des acteurs de la filière, à 1,40 euro.

"Un centime de moins dans un contexte tel que celui-là, c'est forcément mauvais signe", a déclaré à l'AFP le président de la Fédération nationale porcine, Paul Auffray.

"Sentiment de déception"

Ce prix de vente moyen, communiqué par le groupement de producteurs Syproporcs, a été fixé après deux tours d'enchères. Avant le début de la séance, le "prix d'arrêt" (prix plancher) en dessous duquel les ventes ne descendront pas, avait été déterminé à 1,371 euro. Le précédent cours était de 1,404 euro le kilogramme. La prochaine cotation aura lieu jeudi 20 août.

Face à cette baisse du prix au kilo, les représentants des éleveurs de porcs ont fait part de leur désarroi.

"On sent chez tout le monde un sentiment de déception de voir les cours baisser d'un peu plus d'un centime", a déclaré sur I-TELE Paul Auffray, le président de la Fédération nationale porcine.

On se demande si certains acteurs ne privilégient pas le pourrissement de la situation pour voir les cours baisser naturellement, semaine après semaine", a-t-il ajouté.

Environ 16 000 porcs invendus

Sans surprise, Cooperl et Bigard, les deux industriels-transformateurs à l'origine de la crise, ont de nouveau boycotté la séance. Conséquence directe, sur les 49.389 cochons mis en vente, 15.748 sont restés invendus, un chiffre directement lié à l'absence de deux des plus gros acheteurs. Ils représentent habituellement près d'un tiers des achats au MPB.

"Il reste 16.000 cochons invendus (...) nous allons les affecter à Bigard et la Cooperl" et à leurs quotas "comme les règles du marché nous l'imposent", a expliqué aussitôt après la fin de la cotation le président du MPB Daniel Picart, cité par l'AFP.

Ces 16.000 invendus viendront alourdir le marché de jeudi prochain.

Les industriels estiment toujours que le prix de 1,40 euro est intenable face à la concurrence étrangère et demandent que le marché soit soumis au jeu de l'offre et de la demande. Le dirigeant de Cooperl a affirmé ce mardi soir qu'il ne reviendra pas sur le marché breton sans discussions avec ses responsables.

La direction de la Cooperl devait être reçue mardi après-midi au ministère de l'Agriculture , et celle de Bigard mercredi. Ce mardi matin sur RTL, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a déclaré :

"Je vais leur dire que (...) le fait de se retirer brutalement du marché n'était pas la solution qui était acceptable dans la mesure où on a besoin de discuter, on a besoin de voir quels sont les problèmes et de les traiter".

Concertation européenne

Lundi, lors d'une réunion exceptionnelle au ministère de l'Économie, boudée par les deux industriels, Stéphane Le Foll a déclaré que des discussions s'engageraient la semaine prochaine pour faire évoluer le système de fixation des prix et évoquer la contractualisation.

Mais c'est au niveau européen que des décisions pourraient être prises pour sortir de la crise. À ce titre, un Conseil européen sur l'agriculture se tiendra le 7 septembre. Avant ce sommet crucial, des rendez-vous intermédiaires sont prévus : un entretien ce mardi avec le commissaire européen à l'Agriculture, Phil Hogan, une rencontre le 28 août à Madrid avec l'Italie, l'Espagne et le Portugal, et une rencontre le 31 août à Berlin avec ses homologues allemand et polonais.