Des salariés de Louis Vuitton en grève pour de meilleures conditions de travail

Par latribune.fr  |   |  609  mots
La direction du groupe a recensé 5,3% de grévistes ce jeudi 10 février. (Crédits : Charles Platiau)
Plusieurs centaines de salariés de Louis Vuitton ont débrayé à l'appel de certains syndicats. Ils demandent de meilleurs salaires et protestent contre une réorganisation du temps de travail voulue par leur direction. Ne touchant que trois des 18 ateliers français, cette grève minoritaire intervient quelques jours après l'annonce de résultats records en 2021 pour le groupe LVMH.

Vent de contestation ce jeudi 10 février dans trois des 18 ateliers Louis Vuitton de France. À Asnières (Hauts-de-Seine), Sarras (Ardèche) et Issoudun (Indre), des salariés ont cessé le travail au moment du passage de relais entre les équipes du matin et celles du soir pour dénoncer bruyamment « les effets néfastes » selon eux de la proposition faite par leur direction, a assuré Denis Bertonnier, délégué syndical central CGT. La direction a recensé 5,3% de grévistes.

Propriété de LVMH, Louis Vuitton, qui se dit attaché à « l'équilibre vie privée-vie professionnelle » de ses employés, a proposé « une augmentation moyenne de 150 euros par mois accompagnée d'une réduction du temps de travail de 35 à 33 heures par semaine ». Le groupe assure mener une « politique de rémunération avantageuse », offrant « en moyenne 18 mois de salaire par an » à ses quelque 5 000 salariés français.

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Temps de travail et heures supplémentaires

« Pas d'horaires de nuit chez "Tonvui" » ou « Métier formidable, salaire misérable », pouvait-on lire sur les pancartes d'une centaine d'ouvriers en tabliers de travail, majoritairement des femmes. « La proposition d'annualisation du temps de travail ne nous convient pas », explique Mireille Bordet, déléguée CFDT à Asnières. « Cela va se faire au détriment de notre vie privée. Le passage de 35 à 33 heures ne générera plus de RTT et va nous contraindre à finir plus tard le soir ». Et Thomas Vacheron, de la fédération CGT Textile-Maroquinerie, de préciser : « Le projet de la direction vise également à diminuer ainsi le paiement des heures supplémentaires ».

Selon les élus du personnel, les négociations durent depuis l'automne mais la direction a demandé mardi aux organisations syndicales de signer cette semaine sa proposition, déclenchant l'hostilité de la CGT et de la CFDT. La CFTC, dont la représentativité est supérieure à 50%, a indiqué qu'elle entendait « laisser sa chance » à la négociation.

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Tentative de « passage en force »

Les syndicats hostiles dénoncent une tentative de « passage en force » et brandissent la menace d'un préavis de grève « sous huitaine » s'ils n'obtiennent pas gain de cause. Selon eux, la direction entend profiter de cette réorganisation du temps de travail pour supprimer l'horaire de référence en journée, afin de ne conserver que les horaires du matin et du soir, qui sont uniquement ceux proposés aux nouveaux salariés.

« La direction mélange les augmentations de salaires avec le temps de travail », estime encore Mireille Bordet. « Elle nous dit que si le projet passe, on sera augmenté, mais que s'il ne passe pas, on n'aura rien ».

LVMH enregistre des records

Ce débrayage intervient deux semaines après l'annonce des résultats 2021 du groupe LVMH, propriétaire de Louis Vuitton. Le numéro un mondial du luxe affiche une santé insolente : un chiffre d'affaires en augmentation de 44%, à 64,2 milliards d'euros, et un résultat opérationnel courant en hausse de 107% par rapport à 2020, à 17,15 milliards d'euros, et de 49% par rapport à 2019.

Le groupe reste porté par le succès de ses activités mode et maroquinerie, qui ont réalisé en 2021 une « performance exceptionnelle », en particulier pour certaines marques, dont Louis Vuitton. « Louis Vuitton (...) accomplit une performance remarquable, portée par le succès des créations de Nicolas Ghesquière pour l'univers féminin de la maison », a indiqué LVMH. Au total, la branche mode et maroquinerie a assuré plus de 30 milliards d'euros de ventes au groupe en 2021 (+40% par rapport à 2019).

(Avec AFP)