En Chine, Pernod Ricard et Remy Cointreau pourraient pâtir d'une réglementation plus stricte sur les alcools

Par latribune.fr  |   |  585  mots
L'ordre du jour pourrait être le prix du baijiu, une eau-de-vie à base de céréales très populaire en Chine, selon les analystes de Jefferies. (Crédits : Thomas Peter)
L'Administration d'État chinoise pour la régulation du marché (SAMR) se réunit ce vendredi pour discuter de la réglementation du marché des alcools, suscitant l'inquiétude du secteur chinois des spiritueux. La crainte de ce durcissement réglementaire pourrait aussi impacter les autres géants mondiaux comme Pernod Ricard ou Remy Cointreau présents en dans le pays.

Alors que la Chine serre la vis dans les principaux secteurs de son économie, les groupes de spiritueux pourraient être la prochaine cible. L'Administration d'État chinoise pour la régulation du marché (SAMR) se réunit ce vendredi pour discuter de la réglementation du marché des alcools, selon la presse officielle, ce qui inquiète particulièrement les investisseurs.

L'ordre du jour pourrait être le prix du baijiu, une eau-de-vie à base de céréales très populaire en Chine, selon les analystes de Jefferies. "Nous pensons que le prix actuel du marché des produits baijiu et le potentiel d'une nouvelle hausse des prix dans l'industrie ont attiré l'attention du gouvernement, qui va donc probablement mettre en œuvre des mesures pour stabiliser le prix du marché", indiquent-ils dans une note.

Résultat, le groupe Kweichow Moutai, l'une des plus importantes valeurs en Asie et spécialisé dans cet alcool, a reculé de 4,44% à la Bourse de Shanghai, terminant la séance au plus bas depuis plus d'un an à 1548 CNY (renminbi), soit 204,09 euros. Plus globalement, l'indice sectoriel chinois des spiritueux a chuté de 6,94%, au plus bas depuis mars.

Un impact qui pourrait être mondial

Mais la volonté de la Chine de reprendre en main des pans importants de son économie pourrait aussi affecter des géants français de spiritueux. La Chine est en effet l'un des trois premiers marchés du groupe Pernod Ricard avec les Etats-Unis et l'Inde. Chivas Regal, Martell et Royal Salute ont été introduites dans le pays il y a plus de deux décennies, et depuis lors, elles sont devenues le premier portefeuille de spiritueux importés de Chine, peut-on lire sur le site Pernod Ricard China.

Le numéro deux mondial des vins et spiritueux a d'ailleurs chuté de 1,49% à la Bourse de Paris, tandis que Remy Cointreau perdait 1,90%. Le groupe français de spiritueux a d'ailleurs boosté ses ventes au troisième trimestre l'an dernier notamment grâce à l'accélération des ventes en Chine.

De plus, il y a quelques mois, Rémy Cointreau Chine se réjouissait de l'établissement de la zone de libre échange du port de Hainan. La filiale du groupe a d'ailleurs présenté au mois de mai les marques de son portefeuille de spiritueux d'exception à la première China International Consumer Products Expo, preuve du dynamisme du groupe dans le pays.

Mais l'industrie des spiritueux n'est pas la première visée par cette mise au pas voulue par Pékin. La Tech, l'éducation, la santé, les services financiers ou encore les transports sont également dans le viseur du gouvernement chinois. Depuis novembre dernier déjà, le pouvoir chinois a décidé de reprendre directement en main plusieurs sociétés cotées à l'étranger. Il accuse leurs dirigeants d'avoir pris trop de libertés et parfois de manquer de prudence dans la gestion des données personnelles. Le gouvernement, qui veut renforcer son contrôle sur l'économie et la société, a adopté des règles anti-monopoles ou relatives à la sécurité des données.

De plus, dans un document présentant ses grandes orientations jusqu'en 2025, le gouvernement a en effet appelé le 11 août à "renforcer l'application de la loi dans des domaines clés" de l'économie. Cette intervention unilatérale du pouvoir sur ces marchés n'a donc pas fini d'inquiéter les investisseurs, notamment étrangers.

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