Fruits et légumes bio : les distributeurs "se gavent un peu", sous-entend Hulot

Par latribune.fr  |   |  574  mots
"En réduisant ces marges, on va rendre le 'bio' et les produits de qualité et de proximité accessibles à chaque citoyen et ça ne sera pas simplement réservé comme l'on dit aux 'bobos'", a commenté Nicolas Hulot.
La publication d'une étude de l'UFC - Que Choisir sur les tarifs et marges prohibitifs du "bio" dans les grandes surfaces a fait réagir le ministre de la Transition écologie et solidaire. Nicolas Hulot souhaite voir ces marges réduites pour rendre le "bio" plus accessible. Le sujet sera discuté lors des Etats généraux de l'Alimentation, en cours jusque la mi-novembre.

Trop cher, le bio ? Nicolas Hulot a mis en garde mercredi les distributeurs qui ont tendance à gonfler quelque peu les prix dans la vente des fruits et légumes "bio", les invitant à demi-mot à réduire leurs marges afin d'élargir l'offre à tous les ménages français. Invité de franceinfo, le ministre de la Transition écologique et solidaire réagissait à la publication la veille d'une étude de l'UFC - Que Choisir selon laquelle un panier "bio" dans la grande distribution est 79% plus cher que son équivalent en produits conventionnels.

"Entre les producteurs et les consommateurs, il y a parfois des gens qui se gavent un peu. On va les mettre devant leurs responsabilités", a-t-il commenté.

"Si cette histoire-là est avérée - et je ne soupçonne pas l'impartialité de l'UFC-Que Choisir -, en creux il y a une bonne nouvelle. [...] En réduisant ces marges, on va rendre le 'bio' et les produits de qualité et de proximité accessibles à chaque citoyen et ça ne sera pas simplement réservé comme l'on dit aux 'bobos'", a ajouté Nicolas Hulot.

46% du surcoût provient des "sur-marges"

Le prix d'une consommation annuelle en fruits et légumes bio revient pour un ménage français en moyenne à 660 euros, contre 368 euros pour le conventionnel, d'après l'étude menée par l'association de consommateurs sur 1.541 magasins.

"Si les coûts de production sont plus élevés en bio, ceci n'explique qu'à peine la moitié du surcoût pour les consommateurs", dont "46% provient en réalité des 'sur-marges' réalisées sur le bio par les grandes surfaces", affirme l'UFC dans un communiqué. Ainsi, sur la consommation annuelle de fruits et légumes d'un ménage, la grande distribution réalise 304 euros de marge brute - différence entre le prix de vente et le prix d'achat - sur le bio, contre 169 euros pour le conventionnel.

"Rouvrir le débat sur la répartition de la valeur"

La Fédération du commerce et de la distribution (FCD) a réfuté les conclusions de l'étude d'UFC-Que Choisir, faisant valoir que le taux de marge brute (différence entre le prix public hors taxes et le prix à l'expédition) sur les fruits et légumes bio était en moyenne équivalent à celui pratiqué sur les fruits et légumes conventionnels.

"Les coûts de production des fruits et légumes bio sont plus élevés que les produits conventionnels compte tenu des taux de rendement inférieurs à la production, des différences de conditionnement... comme le relève d'ailleurs l'UFC", souligne notamment la fédération professionnelle dans un communiqué diffusé mardi.

Cette prompte réponse n'a toutefois pas empêché la Fédération nationale d'agriculture biologique (FNAB) d'appeler les "distributeurs à la transparence et souhait[er] que les Etats généraux de l'Alimentation (Egalim) débouchent sur des mesures fortes pour soutenir le développement des filières bio françaises équitables pour tous". "Cette étude conforte le besoin d'ouvrir le débat sur la répartition de la valeur", ajoute la FNAB, un sujet qui sera justement discuté lors des différents ateliers des Egalim.

Lancés le 20 juillet, ces Etats généraux réunissent jusqu'à la mi-novembre producteurs, industriels, distributeurs, associations de consommateurs et ONG environnementales, visent à revaloriser la situation des agriculteurs, à freiner la guerre des prix dans la distribution et à répondre aux nouvelles attentes des consommateurs.

 (avec AFP et Reuters)