La Champagne n'a pas attendu la COP21 pour mobiliser ses vignerons

Par Mounia Van de Casteele  |   |  481  mots
En 2003, la Champagne a été la première région viticole au monde à calculer son empreinte carbone et à mettre en place un plan qui a permis de définir plusieurs axes d'actions (viticulture durable, transport et fret, efficacité énergétique des bâtiments, achats responsables et accompagnement de la mobilisation) aboutissant à des solutions innovantes comme la réduction de 7% du poids de la bouteille de Champagne.
La région viticole mondialement connue entend partager son expérience en matière environnementale.

Au moment où Paris reçoit les dirigeants de 195 pays à l'occasion de la COP21, qui doit accoucher d'un accord "différencié, universel, et contraignant", pour reprendre les termes du président français François Hollande, la région champenoise, elle, s'est mise à l'heure "verte" bien avant cette conférence sur le climat.

Il y a en effet plus de 30 ans que la région s'est engagée dans une démarche environnementale. "La Champagne a très tôt pris conscience de l'impératif climatique ; nous nous devions d'anticiper", explique Vincent Perrin, directeur général du Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC), alors que les températures ont augmenté de près de 1,2 degrés en 30 ans et que les dates de floraison et de vendanges ont été avancées de deux semaines.

Mobilisation collective depuis plus de 30 ans

C'est pourquoi l'ensemble de la filière s'est mobilisée dès les années 1980 pour mettre en oeuvre des solutions afin de protéger l'environnement.

 "Nous avons la conviction en Champagne que la viticulture nécessite des progrès au niveau collectif", insiste Vincent Perrin.

En 2003, la Champagne a été la première région viticole au monde à calculer son empreinte carbone et à mettre en place un plan qui a permis de définir plusieurs axes d'actions (viticulture durable, transport et fret, efficacité énergétique des bâtiments, achats responsables et accompagnement de la mobilisation) aboutissant à des solutions innovantes comme la réduction de 7% du poids de la bouteille de Champagne. Ce qui a notamment permis de réduire les émissions de gaz carbonique de la région de 15% par bouteille expédiée en 10 ans.

Viticulture certifiée durable sur 14% de la superficie du vignoble

Aujourd'hui, "toute la région est engagée dans la viticulture durable. Une certification qui concerne 14% de la superficie du vignoble champenois", assure Vincent Perrin. Cela dit, "100% des exploitants du vignoble champenois sont intégrés dans cette démarche", précise-t-il.

Si ce label ne s'affiche pas sur les bouteilles, certaines maisons ont fait le choix de communiquer sur la démarche. A l'instar du groupe Vranken Pommery Monopole, qui a notamment réduit le poids de ses bouteilles d'un peu plus de 50 grammes de verre depuis 1998. Cela a permis de réduire les transports et l'utilisation de l'énergie, avec une baisse de 2.500 tonnes de CO2 rejeté dans l'atmosphère.

Dix ans plus tard, le groupe lance une bouteille "Pop Earth", en 2008, comme "porte-étendard de toutes ses initiatives écologiques", nous explique Thierry Gasco, chef de cave de la maison Pommery. Cette bouteille allégée, dont le raisin est bien entendu issu de la viticulture durable, est vendue sans emballage, avec une étiquette en papier recyclée imprimée à l'encre à l'eau, sans solvant, a notamment séduit le groupe Barrière qui le propose à sa carte, comme au Fouquet's.