La travail de nuit plébiscité par les salariés du Sephora Champs-Elysées

Par latribune.fr  |   |  601  mots
Les salariés des Champs-Elysées avaient entre le 3 et le 7 octobre pour répondre à la question suivante: "Êtes-vous favorable à l'ouverture de votre magasin après 21 heures dans les conditions de l'accord de soirée signé le 16 septembre et affiché dans le magasin ?".
Lors d'un référendum réservé au personnel en CDI depuis plus de trois mois, un accord signé en septembre a remporté l'accord de 114 sur 124 votants. Ses opposants ont promis de l'attaquer en justice.

L'adhésion au "oui" a été écrasante. Lors d'un référendum organisé par la direction, les salariés du magasin Sephora (groupe LVMH) des Champs-Elysées, vaisseau amiral du parfumeur, ont approuvé un accord sur le travail de nuit à la quasi-unanimité des votants, a-t-on appris mercredi 7 octobre de sources syndicales.

Sur les 146 salariés habilités à voter, à savoir en CDI depuis plus de trois mois, 124 l'ont fait. Parmi eux, 114 ont glissé un bulletin "pour", 4 un bulletin "contre" et 6 autres ont voté blanc, ont précisé ces mêmes sources.

Les heures nocturnes travaillées majorées de 100%

L'accord, qui porte formellement sur le "travail de soirée", prévoit notamment une majoration de 100% des heures travaillées entre 21h00 et minuit, sur la base du volontariat. Il avait été signé le 16 septembre en même temps qu'un accord similaire portant sur les autres magasins de la marque situés dans les zones touristiques internationales (ZTI).

Les textes avaient été paraphés par la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC sous condition de l'organisation d'un référendum parmi les salariés de chaque boutique. Le Clic-P, qui regroupe des syndicats du commerce parisiens (CGT, Seci-Unsa, SUD, militants CFDT en conflit avec leurs instances), avait manifesté son opposition.

Les salariés des Champs-Elysées avaient entre le 3 et le 7 octobre pour répondre à la question suivante: "Êtes-vous favorable à l'ouverture de votre magasin après 21 heures dans les conditions de l'accord de soirée signé le 16 septembre et affiché dans le magasin?"

"Une gifle aux opposants"

Le score "montre que l'accord est légitime", a déclaré à l'AFP le délégué CFE-CGC de Sephora, Stéphane Guillory, ajoutant qu'un huissier était présent lors du dépouillement et que le résultat avait été accueilli avec des "cris de joie".

"C'est une gifle aux opposants", a-t-il estimé.

Ces derniers dénonçaient un "mauvais accord", jugeant insuffisantes l'aide pour les frais de garde des enfants (12 euros par heure), la prise en charge des taxis seulement à partir de 23h00 et surtout la majoration des heures de nuit travaillées à 100%, le minimum prévu par la loi. "Les salariés ont décidé de gagner moins que les salariés de Marionnaud", a déploré une autre source syndicale qui préfère taire son nom. Une consultation avait été organisée par le parfumeur concurrent auprès des salariés de sa boutique des Champs-Elysées au mois d'août. Ils avaient approuvé à 95% un accord sur le travail en nocturne, mais avec une majoration des heures de nuit de 115%.

"Un accord illégal"

Laurent Dégousée, s'exprimant pour le Clic-P, souligne pour sa part qu'une mention particulière du bulletin de vote faisait explicitement la distinction entre être favorable au travail de nuit et être prêt à se porter volontaire. Pourtant, l'accord, approuvé seulement par les salariés en CDI, pourra aussi s'appliquer à ceux actuellement en CDD. Il prévoit par ailleurs la possibilité de recruter d'autres personnes à durée déterminée si le nombre de volontaires ne devait pas être suffisant pour assurer l'ouverture nocturne.

"Nous allons attaquer en justice cet accord qui, en plus d'être mauvais, est illégal", promet-il. Il souligne que dans le texte signé pour les zones touristiques internationales le remboursement des taxis est prévu à partir de 21h, ce qui constitue "une rupture d'égalité", et que la loi n'autorise pas de recruter en CDD pour pallier à un manque de volontaires pour le travail de nuit.

Contactée par l'AFP, la direction de Sephora n'était pas disponible pour réagir.

(Avec AFP)