Le Bisphénol A reconnu comme perturbateur endocrinien au niveau européen

Par latribune.fr  |   |  317  mots
Un chercheur de l'Université de Yale injecte une haute dose de Bisphénol A à une souris enceinte pour démontrer que le composant interagit avec l’œstrogène.
Sur proposition française, l'Agence européenne des produits chimiques vient de classer le bisphénol A parmi les "substances extrêmement préoccupantes".

Une victoire pour les associations qui alertent et sensibilisent sur les dangers des perturbateurs endocriniens. L'Agence européenne des produits chimiques (European Chemicals Agency, ECHA) a enfin reconnu les propriétés de perturbation endocrinienne du tant décrié bisphénol A, substance chimique de synthèse utilisée depuis plus de 50 ans dans l'industrie du plastique. Elle a notamment adopté une proposition française en ce sens : celle formulée en février par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).

Le consommateur devra être informé

L'Anses avait notamment demandé que le bisphénol A soit classé, dans le cadre du règlement européen REACH (Registration, Evaluation, Authorisation and Restriction of Chemicals, entré en vigueur le 1er juin 2007), parmi les "substances extrêmement préoccupantes" ("substance of very high concern", SVHC), à savoir celles pouvant avoir des effets graves et irréversibles sur la santé humaine et l'environnement. Le comité des Etats de l'ECHA, à l'unanimité, lui a donné raison.

La principale conséquence de la décision rendue publique aujourd'hui par l'ECHA sera que les industriels et les distributeurs devront désormais notifier à l'agence européenne la présence de cette substance dans tout article fabriqué ou importé dans l'UE. Ils devront également en informer le consommateur.

Une soixantaine de secteurs concernés

L'Anses avait déjà recommandé dès septembre 2011 une réduction de l'exposition de la population au bisphénol A, notamment par sa substitution dans les matériaux au contact des denrées alimentaires. Mais malgré l'interdiction de de cette substance dans les biberons depuis 2010 et dans tous les contenants alimentaires et dispositifs médicaux destinés aux bébés et femmes enceintes depuis 2015 - disposition toutefois partiellement censurée en 2015 par le Conseil constitutionnel, à la suite d'un recours de Plastics Europe -, l'agence estime que les secteurs d'activité potentiellement utilisateurs sont encore une soixantaine.