Lutte anti-tabac : le paquet de cigarettes va augmenter de 1 euro en mars

Par latribune.fr  |   |  777  mots
Jouer sur la fiscalité du tabac pour augmenter le prix du paquet de cigarettes, c'est un des moyens classiques de l'Etat pour faire baisser la consommation du tabac et dissuader les jeunes gens de s'engager dans cette addiction. Selon le Comité national contre le tabagisme (CNCT), il s'agit d'une "urgence planétaire". Selon le CNCT, le tabagisme fait plus de 5 millions de victimes par an dans le monde.(*) (Crédits : Statista)
Toujours déterminé à lutter contre la plus grande cause de cancers en France (et dans le monde), le gouvernement hausse à nouveau, le 1er mars, le prix du tabac. Mais un fabricant au marketing très agressif, Philip Morris n'hésite pas à baisser ses marges sur ses Marlboro pour absorber une partie de la hausse et gagner des parts de marché. L'Etat, lui, estime les coûts sociaux liés au tabac à 26,6 milliards d'euros.

Le gouvernement reste déterminé à faire chuter la consommation de tabac en France : augmenter le prix des cigarettes fait partie de son arsenal anti-tabac. La hausse de 1 euro en moyenne sur chaque paquet de cigarettes qu'il vient d'annoncer prendra effet le 1er mars 2018.

"Urgence planétaire"

Chaque hausse du prix du tabac crée du mécontentement, chez les consommateurs de ce produit comme chez les vendeurs. Mais il faut rappeler qu'à l'origine de ces mesures coercitives, il y a une catastrophe sanitaire en cours depuis des décennies. Selon le Comité national contre le tabagisme (CNCT), il s'agit d'une "urgence planétaire". Selon le CNCT, le tabagisme fait plus de 5 millions de victimes par an dans le monde.

"Ce produit, consommé dans tous les pays, est le seul produit qui tue prématurément un de ses consommateurs sur deux", explique le CNCT citant une étude du BMJ. "Pourtant, il reste la première cause de décès évitable."

Les chiffres qui concernent la France restent tout aussi alarmants. La semaine dernière, l'Institut national du cancer (INCa) a estimé à 400.000 les nouveaux cas de cancer en 2017 et les décès à 150.000.

Philip Morris en profite pour tenter de gagner des parts de marché

L'arrêté de 78 pages publié par le ministère de l'Action et des comptes publics au Journal officiel dimanche homologue les nouveaux prix de détail fixés, marque par marque, par les industriels après la hausse des taxes applicable elle aussi le 1er mars. Il est signé par le ministre Gérard Darmanin et la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn.

Selon l'arrêté, le paquet de 20 Marlboro rouge et Gold, qui était à 7,30 euros, va augmenter à 8 euros, le numéro un du marché français ayant apparemment décidé d'absorber lui-même une partie de la hausse des taxes.

Dans la même catégorie, le paquet de Philip Morris, de Camel et de Gauloise blonde passe aussi à 8 euros.

En entrée de gamme, les Lucky Strike Red qui étaient à 6,80 euros passent à 7,80 euros, tout comme les Winfield et Winston rouge. La Chesterfield red passe à 7,80 euros contre 7 euros.

1 euro de plus ferait baisser la consommation de 10% à 15% (fabricant)

La hausse du 1er mars sera la deuxième depuis l'arrivée du nouveau gouvernement après quatre années de stabilité. En novembre, le prix du paquet avait augmenté en moyenne de 30 centimes d'euros. La dernière hausse significative des prix du tabac remontait à janvier 2014, à hauteur de 20 centimes de plus par paquet.

"Nous estimons que cette hausse de 1 euro en moyenne par paquet contribuera à faire baisser les ventes légales de tabac de 10% à 15% en 2018 par rapport à 2017", a indiqué à l'AFP Eric Sensi-Minautier, directeur des affaires publiques de British American Tobacco (BAT), quatrième sur le marché français des cigarettiers.

Le paquet neutre aurait fait baisser les ventes de... 1,49%

L'an passé, les ventes ont reculé de 1,49% en volume selon le fournisseur de la quasi-totalité des buralistes, un an après l'entrée en vigueur du paquet dit neutre en France. En 2016, elles avaient reculé aussi (-1,2% en volume), après une hausse de 1% en 2015.

Néanmoins, la consommation ne baisse pas dans les mêmes proportions que les hausses de tarif appliquées régulièrement depuis une quinzaine d'années en France, en raison notamment du développement d'un "marché parallèle" qui a "pris le relais" des buralistes, souligne un spécialiste du secteur.

Le paquet à 10 euros, d'ici à deux ans

Les hausses de tarifs vont néanmoins continuer, le prix devant atteindre 10 euros le paquet d'ici novembre 2020, par bonds progressifs et étalés dans le temps, afin de permettre aux fumeurs "de se préparer, de trouver les moyens d'arrêter" de fumer, avait prévenu Agnès Buzyn en septembre dernier.

26,6 milliards d'euros, le montant des coûts sociaux liés au tabac.

L'État, qui a inscrit dans la "Stratégie nationale de santé 2018-2022" adoptée fin 2017, la promotion des "comportements favorables à la santé", estime à 26,6 milliards les coûts sociaux liés au tabac.

"La promotion des comportements favorables à la santé peut réduire des facteurs de risque qui induisent des coûts sociaux considérables (20,4 milliards d'euros pour l'obésité, 15 milliards d'euros pour l'alcool et 26,6 milliards d'euros pour le tabac", peut-on lire dans le prospectus du ministère des Solidarités et de la Santé.

(Avec AFP)

(* Un graphique de notre partenaire Statista)