Prix alimentaires : la grande distribution doit "prendre sa part", selon le gouvernement

Par latribune.fr  |   |  471  mots
(Crédits : Philippe Wojazer)
Alors que la loi Egalim, votée en 2018, plafonne les promotions appliquées par la grande distribution, cette dernière dispose encore des marges d'action pour contenir les prix de l'alimentation, a affirmé samedi le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau. Et ce, en appliquant plus de rabais dans les rayons.

Bientôt le retour aux prix cassés dans les supermarchés ? Alors qu'une inflation galopante frappe les denrées alimentaires, la grande distribution doit « prendre sa part » afin de la contenir, selon le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau. Et ce, en agissant via les promotions, pour lesquelles elle a encore des marges de manœuvre, a-t-il avancé ce samedi.

« Sur les promotions, on peut aller aujourd'hui jusqu'à 34% (de rabais). Or ce qu'on constate dans la plupart des cas c'est que la grande distribution n'est qu'à 21%, donc ils ont des marges, donc ils ont la capacité à faire en sorte qu'eux-mêmes portent une partie de l'effort », a-t-il affirmé sur France Inter.

« Une partie de l'effort est porté par l'Etat. Les mesures sur le pouvoir d'achat, y compris sur l'alimentation, c'est l'Etat et donc l'impôt des français qui les paie. Donc il faut que chacun prenne sa part. Mais cela ne peut être au prix de revenir sur des dizaines d'années où c'était toujours le producteur, l'agriculteur, qui ne trouvait pas sa marge », a poursuivi le ministre.

Les promotions ont été plafonnées à 34% par la loi Alimentation ou "Egalim" votée en 2018, qui avait pour objectif d'enrayer la course aux prix bas et de soutenir les agriculteurs, dans un contexte alors peu inflationniste. C'était d'ailleurs l'une des mesures phares du texte.

La loi Egalim remise en cause

En début de semaine, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a annoncé le lancement d'une mission de l'Inspection générale des finances (IGF) pour s'assurer du respect de cette loi, qui oblige les distributeurs à vendre les produits avec une marge minimale de 10% censée bénéficier aux producteurs.

S'il s'avère que les dispositifs ne profitent pas aux producteurs, « il faudra réfléchir à la possibilité de les modifier », avait-il indiqué, suggérant par exemple des promotions à 50%, au lieu des 34% autorisés, avec des « prix cassés pour tous ceux qui en ont besoin ». Une mesure qui impliquerait une révision de la loi Egalim, celle-ci encadre la part de produits mis en promotion dans les rayons, fixée à 25% en volume.

« Pas la bonne réponse », avait opposé Christiane Lambert, présidente du syndicat agricole majoritaire FNSEA, qui défend la création d'un chèque alimentaire et réclame aussi plus de transparence côté distributeurs et industriels.

« Est-ce que cette loi fonctionne bien? Il y a un certain nombre de cas où le mécanisme qui permettrait y compris de faire de la promotion ne se met pas en œuvre », a pour sa part souligné samedi Marc Fesneau.

Le président du comité stratégique des centres E. Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, avait demandé début avril la suspension partielle de cette règle des 10% afin de réduire ses prix de vente.

 (Avec AFP)