Rentrée : un tiers des fournitures scolaires toxiques selon l'UFC

Par Giulietta Gamberini  |   |  528  mots
Ces composants, bien que présents dans nombre d'autres produits de consommation, sont particulièrement dangereux pour les enfants, du fait du comportement des plus petits (mordiller les stylos, se tacher les doigts etc.), mais aussi de la sensibilité particulière de leur organisme, souligne l'association.
Allergisants, perturbateurs endocriniens, mais aussi composés cancérogènes, infesteraient crayons, stylos et bâtons de colle, dénonce l'association. Les fabricants profiteraient d'un vide législatif.

Quand on achète des fournitures scolaires, "c'est la roulette russe": l'UFC Que Choisir utilise des termes plutôt poignants pour dénoncer, dans un communiqué publié jeudi 25 août, la présence de "substances indésirables" dans grand nombre des fournitures scolaires que les Français s'apprêtent à acheter pour la rentrée de leurs enfants.

L'association, qui a testé en laboratoire 52 produits fréquemment utilisés par les élèves, allant des crayons à papier aux bâtons de colle -mais n'incluant pas le papier-, considère qu'au moins un tiers (19) d'entre eux sont "à éviter", car contenant des ingrédients communément pointés du doigt par les toxicologues. Parmi ceux toxiques repérés, allergisants, perturbateurs endocriniens, mais aussi composés cancérogènes, précise l'association, qui fait l'exemple de phtalates dans des crayons, de formaldéhyde dans un stick de colle et d'impuretés dangereuses dans des encres.

Superflus mais convoités

Ces composants, bien que présents dans nombre d'autres produits de consommation, sont particulièrement dangereux pour les enfants, du fait du comportement des plus petits (mordiller les stylos, se tacher les doigts etc.), mais aussi de la sensibilité particulière de leur organisme, souligne l'association. Et ce risque est d'autant plus paradoxal que certains des produits dénoncés sont loin d'être indispensables, bien que particulièrement convoités par les enfants grâce à de puissantes campagnes marketing : c'est le cas notamment des stylos parfumés et des colles à paillettes.

Les grandes marques telles que Bic, Waterman et Paper Mate, utilisent d'ailleurs parfois davantage de substances toxiques que des marques de distributeurs comme Auchan, Carrefour et Intermarché, souligne encore l'étude -qui pointe toutefois du doigt certains produits de chez Leclerc.

Un vide législatif

Cependant, si l'UFC doit se limiter à dénoncer des substances "indésirables", c'est parce que la plupart d'entre elles sont tout à fait légales. Aucune réglementation spécifique, ni nationale ni européenne, ne s'applique en effet aux fournitures scolaires, alors que d'autres produits pour enfants comme les jouets et les tétines sont strictement encadrés, souligne l'association.

Ainsi, parmi les produits testés, un seul s'est révélé violer véritablement la loi: le feutre parfumé ''Giotto Turbo scents'', contenant des allergènes interdits, qui, en tant que feutre, relève des dispositions de la directive Jouets de l'Union européenne -et dont l'UFC demande donc le retrait immédiat. Ce vide législatif permet par exemple au stylo Bic cristal pocket scents -plus dans le catalogue selon Bic, mais toujours en rayon selon l'UFC- de contenir un allergène dans des quantités 100 fois supérieures à celles autorisés pour les feutres.

Les produits écolabellisés n'ont pas été inclus dans le panel testé, admet néanmoins l'association de consommateurs, en raison de leur part de marché encore faible. Leurs divers révérenciels prévoient toutefois aussi la nécessité d'utiliser aussi des matières premières les moins toxiques possibles, explique l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), qui en préconise l'utilisation afin de réduire l'impact environnemental de la rentrée.