Scandale des œufs contaminés au fipronil : Pays-Bas et Belgique sous pression

Par latribune.fr  |   |  890  mots
Des millions de poules pourraient être abattues aux Pays-Bas suite au scandale des oeufs contaminés. L'Allemagne met la pression pour identifier les responsabilités.
Les éleveurs néerlandais pourraient abattre des millions de poules contaminées par un insecticide, le fipronil, ce qui déclenche la colère des organisations de défense des animaux. Pendant ce temps, l'Allemagne met la pression sur les Pays-Bas et la Belgique pour établir clairement les responsabilités.

Le chaos perdure dans le scandale des œufs contaminés à l'insecticide fipronil, qui secoue actuellement l'Europe. Alors que des centaines d'élevages néerlandais sont toujours à l'arrêt, les éleveurs continuent d'abattre leurs poules contaminées.

D'après l'organisation agricole néerlandaise LTO, trois cent mille poules contaminées, qui atteignaient la limite d'âge de 18 à 24 mois pour la ponte, mais étaient de ce fait exclues du circuit de transformation alimentaire habituel, ont déjà été abattues. Le chiffre pourrait monter jusqu'à deux millions de poules pondeuses si les éleveurs estiment qu'il n'est plus rentable de les maintenir en vie, faute de débouchés pour les oeufs.

Les associations de défense des animaux ulcérées

Ulcérées, des organisations de défense des droits des animaux néerlandaises ont prévu de manifester lundi contre l'abattage, par gazage au CO2, de 60.000 poules prévu dans une ferme de la province de Drenthe (nord-est).

Des millions d'œufs ont d'ores et déjà été retirés des rayons dans des supermarchés de plusieurs pays européens (Pays-Bas, Allemagne, Suède et Suisse) après la découverte de résidus de fipronil, un insecticide utilisé contre les puces et les acariens, notamment le pou rouge. La France ne serait pas touchée. Seul un élevage, dans le Nord, a été placé sous surveillance par précaution, mais ses œufs n'ont pas été mis à la vente

D'après Johan Boonen, de la LTO, le risque pour les consommateurs est passé. "Mais ce n'est pas le cas pour les éleveurs. Il faudra des semaines, voire des mois avant qu'ils puissent reprendre la production", a-t-il dit. En effet, les producteurs néerlandais d'œufs ne pourront de nouveau commercialiser leur production que lorsque des analyses auront déterminé qu'il n'y a plus aucune trace de fipronil. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) considère le firpronil comme une substance "de toxicité moyenne" et précise qu'à haute dose, elle est susceptible d'être nuisible aux reins, au foie et aux glandes lymphatiques.

L'Allemagne hausse le ton contre les Pays-Bas et la Belgique

Le scandale a débuté le vendredi 4 juillet, lorsque la chaîne de grandes surfaces Aldi a retiré tous es œufs de ses rayons suite à la découverte de la présence du fipronil, interdite par l'UE. Les autorités sanitaires néerlandaises et belges ont localisé la source de la contamination dans des produits de nettoyage utilisés aux Pays-Bas, vendus par la société néerlandaise spécialisée dans la désinfection d'élevages ChickFriend, et son fournisseur belge Poultry-Vision, selon les médias.

Face au préjudice sanitaire et financier, le ministre de l'Agriculture allemand, Christian Schmidt, n'a pas hésité à hausser le ton contre les Pays-Bas et la Belgique.

«J'attends des autorités compétentes qu'elles élucident le dossier rapidement et minutieusement. En particulier la Belgique et les Pays-Bas [...] car quelqu'un a clairement déployé une énergie criminelle pour frelater (des œufs) avec un produit interdit», a-t-il déclaré.

Rétention d'information de la part des autorités belges ?

Les autorités belges sont particulièrement dans le viseur, car elles avaient connaissance depuis le mois de juin d'un "problème" de contamination d'oeufs au fipronil. L'Agence fédérale belge pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca) n'aurait pas informé les autres pays avant le 20 juillet pour ne pas gêner des enquêtes en cours sur l'utilisation du fipronil, se retranchant derrière le "secret de l'instruction".

Mais pour le ministre belge de l'Agriculture, Denis Ducarme, "ce n'est pas un argument" : "C'est la protection du consommateur qui doit prévaloir, et le principe de précaution", a-t"il tonné lundi sur la radio publique La Première.

Face aux critiques de l'opposition et aux demandes d'éclaircissements de son homologue allemand, il a commandé un "rapport circonstancié" sous 48 heures à l'Afsca et promis de "faire la transparence la plus complète".

Plan d'aide d'urgence aux Pays-Bas

Dans les supermarchés néerlandais, les étals d'oeufs étaient peu garnis voire vides après les retraits massifs des derniers jours. "Nous travaillons d'arrache-pied pour tout remplir à nouveau", a déclaré à Reuters René Roorda, directeur du Bureau central du commerce des denrées alimentaires (CBL).

Le gouvernement de La Haye a promis un plan d'aide d'urgence alors que le secteur estime déjà les pertes à "plusieurs millions d'euros".

Des représentants des exploitations touchées aux Pays-Bas, en Belgique ou de Basse-Saxe (ouest de l'Allemagne) ont déjà annoncé qu'ils réclameraient des indemnités, une fois que les responsabilités auront été clairement établies.

Aux Pays-Bas et en Belgique, les enquêteurs regardent de près les deux sociétés soupçonnées d'être à l'origine du scandale, la néerlandaise ChickFriend, et son fournisseur belge Poultry-Vision. Toutes les sociétés clientes de ces deux entreprises font l'objet de vérifications sur leurs contacts ou contrats avec ChickFriend depuis le 1er janvier 2017, a précisé à l'AFP Danny Coulier, président de l'organisation belge regroupant les éleveurs de poules et lapins. A ce jour, le taux de fipronil détecté dans leurs oeufs est très faible, en moyenne "dix fois inférieur" au seuil maximal autorisé.

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(Avec agences)