Consommation : un "bon produit" pour qui et pour quoi ?

Par Giulietta Gamberini  |   |  486  mots
Les applis d'évaluation des produits alimentaires cartonnent. La plus connue aujourd'hui, Yuka, lancée en janvier 2017, dépasse désormais 6 millions d'utilisateurs. (Crédits : Yuka)
Pendant que les pouvoirs publics et les industriels se disputent sur l'élaboration d'un étiquetage nutritionnel unique des aliments, les consommateurs cherchent d'autres sources d'information simplifiées afin d'identifier le "bon produit".

Des aliments bio, végétariens, vegan, locaux, équitables, sans additifs, avec moins de sel ou de sucre... Les promesses des grandes marques varient grandement. Elles répondent à une demande tout aussi multiple des consommateurs - parfois motivés par des préoccupations précises et bien informés, mais parfois aussi désorientés face à la prolifération des tendances. Qu'est-ce donc au fond, un « bon produit » ?

En raison de ses implications économiques et sociétales croissantes, la question devient de plus en plus sensible, comme le montre la bataille à laquelle on assiste depuis quelques années en France entre logos nutritionnels. « La communauté scientifique est d'accord, un logo simplifié aide les consommateurs à faire le bon choix », explique Sophie de Reynal, directrice marketing de l'agence de conseil Nutrimarketing, qui souligne : « L'enjeu est donc : quel logo choisir ? »

Les applis d'évaluation des produits alimentaires cartonnent

En 2017, le gouvernement a tranché. Malgré l'opposition virulente des industriels de l'agroalimentaire et des grands distributeurs - dont Carrefour s'était fait le chef de file -, il a choisi de recommander un système simplifié dit "Nutriscore", articulé autour de cinq couleurs allant du vert au rouge selon les caractéristiques nutritionnelles de l'aliment (calories, graisses saturées, sucres, sel...). Bien qu'il soit facultatif, 90 entreprises, dont Bonduelle, Danone, Fleury Michon, Materne, Auchan, Casino, Intermarché, Leclerc, se sont engagées à l'apposer sur tous leurs produits. Mais des modèles parallèles subsistent, tels que l'Evolved Nutrition Label (ENL) adopté par CocaCola, Mendelez, Nestlé, Pepsico et Unilever.

Pendant que les pouvoirs publics et les industriels se disputent, les consommateurs se cherchent d'autres sources d'information simplifiées. Encore peu répandues il y a quelques années, les applis d'évaluation des produits alimentaires cartonnent. La plus connue aujourd'hui, Yuka, lancée en janvier 2017, dépasse désormais 6 millions d'utilisateurs. Mais, paradoxalement, son succès pose de nouveau la question du « bon aliment » plus qu'il n'y répond.

Exprimée par un code couleur simple, sur le modèle du feu vert-rouge, et précisée dans une fiche détaillée, l'évaluation est fondée à 60% sur le Nutriscore, auquel s'ajoute la prise en compte des additifs nocifs et d'un label bio.

« Or, pourquoi 60% ? Quels critères de choix des additifs ? Et pourquoi le bio ? » demande Sophie de Raynal, qui s'interroge également sur les 22 substances controversées répertoriées par la toute dernière application de Système U, Y'a quoi dedans : « Pourquoi 22 ? »

Chez Carrefour, le critère est assumé : l'offre responsable est fléchée selon la demande des consommateurs. Ces derniers sont d'ailleurs appelés à voter sur Internet pour de nouveaux engagements. Et si les thématiques d'intervention sont définies au niveau international, les actions spécifiques varient de pays à pays. « Pour créer une transition, il faut faire des choix », argumente Bertrand Swiderski, directeur développement durable de Carrefour.

Lire aussi : Le business de la transition alimentaire