Affaire d'espionnage : Renault s'est expliqué à Matignon

Par latribune.fr  |   |  488  mots
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Patrick Pélata, directeur général de Renault, a été reçu à Matignon pour faire le point sur l'affaire d'espionnage présumé au sein du groupe automobile, selon l'agence Reuters.

Le directeur général de Renault a été reçu lundi à Matignon pour discuter de l'affaire d'espionnage présumé au sein du groupe automobile, selon des informations obtenues auprès du constructeur par l'agence Reuters.  Ce haut dirigeant du groupe Renault a été "convoqué" par le Premier ministre François Fillon, en présence du ministre de l'Industrie, Eric Besson, pour s'expliquer sur cette affaire, selon Europe 1. Il a dû pour ce faire annuler ses rendez-vous prévus lundi au Salon automobile de Genève, a précisé la radio.

Mais le constructeur comme les services du Premier ministre ont minimisé la portée de la rencontre. "Il y a eu une réunion à Matignon entre Patrick Pélata et un conseiller du Premier ministre à la demande de Renault", a déclaré un porte-parole de Renault. "Cela fait partie des réunions régulières entre la direction de Renault et le gouvernement en tant que premier actionnaire du groupe." Matignon a insisté aussi sur le fait que Patrick Pélata avait été reçu par un conseiller et n'avait rencontré Eric Besson qu'après, et non en même temps. Le ministre de l'Industrie avait, au début de l'affaire, fait part de son mécontentement de n'avoir pas été informé de l'affaire.

Le constructeur automobile a déposé le 13 janvier une plainte contre X pour espionnage industriel en bande organisée concernant sa filière de véhicules électriques. Il vise une "puissance étrangère" qu'il ne nomme pas, ainsi que des sociétés liées à la Chine. Renault a parallèlement licencié trois cadres soupçonnés d'espionnage. Ces derniers clament leur innocence. Leurs avocats affirment que le dossier est vide et dénoncent des licenciements à la légère.

Le Canard enchaîné a révélé fin février que les recherches demandées en Suisse n'avaient pas permis de retrouver trace d'un compte que l'un des trois cadres licenciés est censé avoir possédé pour recevoir le prix de sa corruption. Cet argument ayant été avancé par le constructeur automobile, début janvier, pour justifier les procédures de licenciement, l'affaire a pris une tournure embarrassante pour Renault. Le parquet de Paris a toutefois indiqué qu'il n'avait pas encore reçu la réponse officielle des autorités helvétiques sur l'existence ou non de comptes en Suisse au nom d'un ou plusieurs cadres soupçonnés. Le résultat de la demande d'entraide française est attendu la semaine prochaine, dit-on de source judiciaire.

De son côté, la Direction centrale du renseignement intérieur, chargée de l'enquête, orienterait ses investigations vers un règlement de compte en interne, selon Le Parisien. Les enquêteurs chercheraient à savoir si le "corbeau", auteur de la lettre anonyme qui incriminait les trois cadres, ne serait pas un salarié de l'entreprise cherchant à nuire à l'un des cadres licenciés, Michel Balthazard.