Carlos Ghosn veut reprendre le contrôle de Renault

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  481  mots
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Selon nos informations, une réforme de la direction du constructeur devrait être annoncée vendredi. Elle étendra le pouvoir du PDG qui veut montrer que Renault devient sa priorité.

Carlos Ghosn, double PDG de Renault et Nissan, renforce son emprise sur le constructeur automobile français. On lui avait reproché de ne pas être suffisamment présent. Eh bien, le voilà ! Vendredi prochain devrait être annoncée une réorganisation de la direction du groupe au losange. Clairement, une nouvelle direction de l'audit et de la maîtrise des risques, confiée à Farid Aractingi, sera désormais placée directement sous la houlette de Carlos Ghosn. Par ailleurs, la directrice déléguée à la présidence de Renault, Mouna Sepehri, rattachée également au patron, reprendra dans son périmètre la direction de la protection et du patrimoine (ex-service sécurité), ainsi que les divers services de support à l'activité de l'entreprise (affaires publiques, juridique, immobilier). Les circuits seront ainsi raccourcis vers le sommet, c'est-à-dire le PDG lui-même, et non vers... Carlos Tavares, directeur général délégué nommé fin mai.

« Je suis le mandataire social »

« J'avais trop délégué. Il y a eu des débordements. Le vrai patron de Renault, c'est moi », a martelé dernièrement Carlos Ghosn devant quelques journalistes, en marge des annonces d'investissements de Renault et Nissan au Brésil. « Il faut un directeur général délégué. Mais il n'y a qu'un patron. Je suis le mandataire social et personne d'autre. Je suis responsable de la marche de l'entreprise devant les actionnaires. »

Voilà qui est clair. Carlos Tavares a donc moins de responsabilités que son prédécesseur Patrick Pélata, sacrifié le 11 avril dernier à la suite de la retentissante fausse affaire d'espionnage du début d'année. « J'ai repris certaines zones de responsabilités », précise le PDG. Carlos Ghosn. Ce dernier, à qui on avait reproché de ne pas s'occuper suffisamment de Renault, reprend donc la main. Il « passe aujourd'hui une semaine par mois chez Nissan » à peine, alors que, jusqu'ici, on le voyait davantage chez le constructeur japonais qu'au sein du groupe français ! « Je suis davantage présent en France », précise-t-il. Et comment !

Le PDG s'implique plus « dans certaines instances comme le comité des nominations. La direction des ressources humaines m'est directement rattachée ». Et ce n'est pas tout. Des pans entiers d'activités opérationnelles sont désormais sous la coupe du grand patron. « Je décide pour tout ce qui concerne le haut de gamme », souligne ainsi le seul dirigeant à présider deux constructeurs automobiles à la fois. Bref, partout où il a pu constater des dysfonctionnements, notamment lors de l'affaire de prétendu espionnage, le PDG se veut présent.

Décidément ! Résultat de sa plus grande implication dans Renault : quand on lui pose la question de ses relations avec l'État français, Carlos Ghosn assure que celles-ci sont « moins » tendues qu'auparavant. On se souvient des griefs exprimés par les pouvoirs publics à la fin de l'hiver 2011 !