Année noire pour l'automobile française en Europe

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  486  mots
Infigraphie La Tribune
PSA a vu ses immatriculations de voitures chuter de 8% en Europe sur onze mois, Renault de 7,6%. En dehors de Fiat, ils enregistrent les pires résultats de l'industrie auto européenne.

Les constructeurs auto français profitent de la croissance des marchés extra-européens. Mais ils perdent dangereusement du terrain sur le Vieux Continent. PSA aura vu ses immatriculations de voitures chuter de 8 % en Europe (hors Russie, sur onze mois), Renault de 7,6 %. Ce dernier sauve d'ailleurs les meubles grâce à sa marque à bas coûts Dacia (- 4,2 %) alors que la firme au losange elle-même plonge fortement (- 8,4 %). Dans le même temps, le marché total européen n'aura que légèrement fléchi (- 1,2 %).

En dehors de Fiat, les marques tricolores affichent les plus fortes chutes de l'industrie automobile européenne. Des résultats d'autant plus graves que le marché français, sur lequel les marques tricolores sont forcément très présentes, se sera maintenu (- 0,3 %) sur 2011, malgré une dégradation progressive au fur et à mesure de l'année. En Europe, BMW pour sa part a crû de 8,8 % (sur onze mois), le groupe Volkswagen de 7,7 %. Daimler a reculé à peine (- 0,3 %), GM aussi (- 0,6 %). Ford fléchit davantage, mais bien moins que PSA ou Renault (- 3,3 %).

Du coup, le président du directoire de PSA, Philippe Varin, a déjà déclaré mercredi dernier qu'il prévoyait un second semestre 2011 en perte « significative » pour la division automobile du groupe. Et les perspectives pour 2012 sont moroses, notamment « parce que la France tirera vers le bas le marché européen », assure le directeur commercial de Renault, Jérôme Stoll.

Le gâteau européen absorbe encore 62 % des ventes de PSA ! Or, le marché intérieur comme les pays dans lesquels un constructeur a une forte présence traditionnelle sont les... plus rentables. Globalement, les ventes en Europe financent les investissements en dehors. C'est bien là tout le problème ! Renault comme PSA souffrent d'un manque d'image, d'une piètre réputation de qualité - à tort ces dernières années où les progrès sont flagrants - et de leur spécialisation dans le créneau ultra-concurrentiel des modèles d'entrée de gamme et compacts, un segment où la pression sur les prix est énorme, générée notamment par la concurrence asiatique. Renault pâtit d'un déficit flagrant de nouveaux produits. PSA a certes des nouveaux modèles réussis (Peugeot 508, Citroën DS4 et DS5), mais à petits volumes ! Heureusement, la situation de ce point de vue va s'améliorer avec l'arrivée de deux modèles à fort potentiel en 2012 comme la Peugeot 208 à partir du printemps, puis la Renault Clio IV à la rentrée prochaine. Il n'empêche. Structurellement, les marques tricolores perdent des parts de marché par rapport à 2005.

La production des constructeurs automobiles tricolores en France a baissé de 6,6 % au troisième trimestre (voitures particulières seules). Sur neuf mois, la production globale est quasi stable. Mais elle devrait être moitié moindre cette année (un peu plus de 1,5 million d'unités), par rapport au milieu des années 2000 !