Renault va lancer sa Clio IV à l'assaut de la Peugeot 208

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  794  mots
"L'investissement pour la Clio IV aura été réduit de moitié par rapport à la précédente Clio III", explique le directeur général délégué du groupe tricolore, Carlos Tavares. Copyright Reuters
La firme au losange vise 350 à 400.000 véhicules par an. La production démarrera à Flins et en Turquie en juillet. La commercialisation interviendra début octobre. Investissement : un demi-milliard d'euros.

"La production démarrera en juillet, simultanément à Flins et à Bursa (Turquie), pour une commercialisation début octobre. Nous visons 350 à 400.000 Clio IV par an", affirme le directeur de la gamme A et B (petites voitures) de Renault, Benoît Bochard. Un lancement décisif pour le constructeur au losange. Avec de sérieuses économies à la clé, puisque "l'investissement pour la Clio IV aura été réduit de moitié par rapport à la précédente Clio III", nous explique ce vendredi le directeur général délégué du groupe tricolore, Carlos Tavares.

En conséquence, l'investissement pour ce nouveau modèle devrait tourner aux alentours du demi-milliard d'euros, selon le patron opérationnel. La Clio III a requis 950 millions. Il s'est écoulé environ 380.000 Clio des générations précédentes en 2011 - la version II de 1998 est encore en production en plus de l'opus III de 2005. Le record a été atteint pour la Clio en 2006, avec quelque 650.000 ventes.
 

80 grammes de C02 au kilomètre

La nouvelle Clio IV conserve globalement les dimensions de la précédente génération. Elle mesurera 4,05 mètres de long mais pèsera une centaine de kilos de moins que son aînée, assure-t-on au sein du constructeur. L'arsenal "high tech" prévu est impressionnant. Elle recevra l'accès et le démarrage mains libres, l'aide au démarrage en côte, la caméra de recul, la connectivité avec plus de 50 applications. Elle pourra même recevoir la boîte robotisée à double embrayage.

Elle bénéficiera des moteurs dernier cri, avec un tout nouveau trois cylindres à essence de 0,9 litre de cylindrée développant avec un turbo 90 chevaux, un quatre cylindres 1,2 turbo de 115 chevaux (disponible un peu plus tard), un diesel 1,5 de 75 chevaux et une motorisation inédite fonctionnant également au gazole 1,2 turbo de 90 chevaux. Avec cette dernière, "la Clio émettra autour de 80 grammes de CO2 au kilomètre", promet Benoît Bochard. Soit des valeurs extrêmement basses, proches de celles d'une Toyota Yaris hybride comparable.
 

Un break début 2013

La Clio IV reprend la plate-forme du véhicule précédent et sera disponible d'abord en une version cinq portes très aérodynamique, au design acéré, oeuvre du nouveau patron du design du groupe, Laurens van den Acker, un néerlandais qui a travaillé antérieurement chez le japonais Mazda. Une version break, très harmonieuse avec un arrière abondamment vitré, "arrivera début 2013 et sera fabriquée en Turquie", signale Carlos Tavares.

Conçue essentiellement pour le marché européen, la Clio IV "devrait aussi aller en Asie", précise le directeur général délégué. En revanche, elle ne devrait pas a priori être industrialisée en Amérique du sud et dans les autres pays émergents, où Renault compte plutôt sur la Sandero de la gamme à bas coûts "Entry" (produite en Roumanie ou au Brésil).
 

Le premier segment en Europe

La Clio IV arrive, comme sa rivale Peugeot 208 prévue pour la fin mars-début avril, sur un segment très populaire en Europe, le premier du marché, qui "représente 4 millions d'unités annuelles", souligne Benoît Bochard.

La future Clio IV aura du travail, car la Clio actuelle n'était, en 2011 que la quatrième petite voiture la plus vendue sur le Vieux continent, derrière la Volkswagen Polo, la Ford Fiesta et l'Opel Corsa. Les prix "s'aligneront sur la concurrence", souligne sans plus de précision Renault. La gamme Clio III démarre aujourd'hui à moins de 10.000 euros (hors promotions).
 

Une bonne rentabilité en ligne de mire

Le PDG de la firme de Boulogne-Billancourt, Carlos Ghosn, avait affirmé jeudi, en marge de la présentation des résultats financiers du groupe, que les petits véhicules de Renault (Twingo, Clio) avaient perdu de l'argent l'an dernier. Et ce, alors que la marge opérationnelle sur les modèles à bas coûts (Logan Sandero, Duster) était largement supérieure à 6 %.

L'objectif est "d'assurer une meilleure rentabilité avec la Clio IV. Nous espérons accroître le prix de vente moyen et ne pas consentir de remises. Pour les véhicules à bas prix, on a ce qu'il faut avec les produits Dacia", indique Carlos Tavares. "Nous avons un handicap par rapport aux deux marques rivales françaises. En Europe, en prix de transaction, les Renault se vendent, à produits comparables, deux points moins cher qu'une Citroën (hors DS) et l'écart avec une Peugeot atteint cinq points. Il n'y a pas de raison à cela. Avec la Clio IV, nous espérons pratiquer les mêmes prix que Citroën", assure le directeur général délégué. Pour Renault, le lancement de la Clio IV est donc... crucial.