L'avenir de l'usine de Rennes de PSA menacé

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  435  mots
Copyright Reuters
La remplaçante de la familiale Citroën C5, produite en Bretagne, a été reportée. Elle pourrait être fabriquée sur une plate-forme Opel hors de France. Les 5.900 salariés du site s'inquiètent.

L'usine PSA de Rennes pourrait être menacée. Le 23 mars dernier, lors d'un Comité de groupe européen, Philippe Varin, président du groupe automobile français, a annoncé un report de six mois du projet de remplaçante de la familiale Citroën C5 (nom de code X8). Ce véhicule, qui aurait dû sortir fin 2015-2016, a donc été provisoirement décalé, selon des sources internes. Suite à l'alliance capitalistique passée fin février entre PSA et GM, la X8 pourrait changer de... plate-forme. Initialement  prévue sur la plate-forme "BVH 2 prime" du groupe PSA (véhicules compacts et de gamme moyenne supérieure), elle pourrait in fine être produite sur une base roulante Opel (filiale germanique de GM). Si la faisabilité industrielle était confirmée, le successeur de la C5 serait probablement - et logiquement - fabriqué dans une... usine Opel, d'après lesdites sources internes. 

5.900 salariés s'alarment

Forcément, les 5.900 salariés du site breton s'alarment.  L'usine rennaise tourne déjà au ralenti. Spécialisée dans les véhicules de gamme supérieure du groupe PSA (C5 et C6, Peugeot 508), elle doit affronter l'essoufflement de l'actuelle C5 (lancée en 2008) et les performances insuffisantes de la 508 (commercialisée l'an dernier). Ne parlons pas de l'anecdotique C6 de haut de gamme, produite au compte-gouttes!

Sites surcapacitaires

La remplaçante de l'actuelle 508 (lancée vers 2018-2020) devra, tout aussi logiquement, partager la plate-forme de la future X8. Certes, faute de ces grandes voitures, Rennes pourrait très bien produire à terme des véhicules compacts pour l'ensemble de l'alliance PSA-GM. Rien n'indique donc à ce stade une éventuelle fermeture de l'usine à terme. Il n'empêche. Les sites européens de PSA et GM étant surcapacitaires (à hauteur de 20 à 25%), les syndicats des deux constructeurs sont forcément inquiets. Côté PSA, l'usine d'Aulnay, en région parisienne, est déjà fortement menacée. Tout comme les sites de Sevelnord (Nord) et de Madrid (Espagne). 

Groupes de travail

Le 23 mars dernier, PSA et GM ont annoncé le lancement de groupes de travail chargés de déterminer les véhicules qui pourraient être développés sur telle ou telle plate-forme de l'un ou l'autre des partenaires. Ces groupes de travail doivent rendre leurs premières conclusions avant  fin octobre. Les véhicules de gamme supérieure pourraient, en fait, être développés sur une base Opel, tandis que les petits le seraient sur des bases roulantes PSA. Le problème, c'est que les premiers véhicules sur ces bases communes, censés générer de fortes synergies, n'arriveront pas sur le marché avant... 2016.