Face à la crise, Renault appelle à des aides publiques

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  674  mots
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Le directeur général délégué de Renault, Carlos Tavares, "appelle de ses vœux un soutien du marché français et européen". Le début d'année est "inquiétant" sur le Vieux continent.

"J'appelle de mes v?ux un soutien du marché auto français et européen. Il faut le soutenir à un niveau minimal", affirme ce mardi le directeur général délégué de Renault, Carlos Tavares, lors d'une rencontre avec quelques journalistes au centre logistique de pièces détachées du groupe à Cergy, en région parisienne. "Jusqu'à quel niveau peut-on laisser tomber le marché ?", s'inquiète le patron opérationnel du constructeur au losange. Carlos Tavares indique au passage que "les dirigeants politiques expriment le souhait de ne pas avoir d'austérité sans croissance". A bon entendeur...

Il refuse de préciser le type d'aides souhaitées, soulignant qu'elles peuvent jouer aussi bien sur les volets "environnement que renouvellement du parc". Il affirme à ce propos que les primes à la casse précédentes "n'ont pas renouvelé complètement le parc". Sous entendu : il y a encore de la marge... Généralisées un temps à la presque totalité des pays européens, les dernières primes à la casse ont pris fin en France au 31 décembre 2010 (commandes) et au 31 mars 2011 (livraisons).

Ces aides gouvernementales prévoyaient des remises à charge du contribuable pour l'achat d'une voiture neuve contre la cession d'un véhicule âgé destiné à la casse. Un dispositif qui a l'avantage de relancer, provisoirement du moins, les marchés et de favoriser les fabricants de petits véhicules d'entrée de gamme comme Renault. Mais il coûte cher à l'Etat. La dernière prime à la casse a coûté à l'Etat un milliard d'euros. Quant au dispositif de bonus-malus pour inciter le client à acquérir des véhicules sobres et rejetant peu de C02, il a pesé pour 1,2 milliard d'euros sur le budget français.

Marchés en chute

Carlos Tavares rappelle que "le début d'année est inquiétant sur le Vieux continent" avec "des marchés européen et français en recul respectif de 6 % à fin mai et 16 %. Alors que nous prévoyions en début d'année - 3 % en Europe et - 6 % en France". "Heureusement, on a une forte croissance hors d'Europe occidentale qui génère beaucoup d'activité, y compris pour nos sites français", se félicite le directeur général délégué. Les régions Amériques, Euromed (Afrique du nord, Turquie, Roumanie essentiellement), Eurasie (Russie notamment), tirent en effet les marchés mondiaux. "Là, il n'y pas de crise", précise Carlos Tavares. "En 2013, on dépassera les 50 % de ventes du groupe hors d'Europe de l'ouest".

Du coup, malgré la crise sur le Vieux continent, "nous pouvons maintenir pour l'instant l'entreprise à flots. Le niveau de trésorerie reste sain. On a considérablement réduit la dette en 2011", affirme le directeur général délégué de Renault, qui affirme disposer d'un avantage compétitif substantiel à l'échelle mondiale avec sa gamme "Entry" (à bas coûts). "On a trouvé l'équation pour être très rentable avec des véhicules d'entrée de gamme".

Economies à tous les étages

Devant la crise, Renault devra-t-il supprimer des emplois ? "On fait tout pour éviter des suppressions d'emplois. On recourt aux dispositifs de mobilité interne. Ainsi, à Cergy (centre logistique), il y a des gens qui viennent des usines de Sandouville (Seine maritime) et du nord de la France. On fait jouer ça à plein. Pour l'instant, ça suffit", indique le patron, qui revendique par ailleurs la mise en place d'un nouveau concept à tous les étages de l'entreprise, la "frugalité ingénieuse".

En période de crise, "c'est faire beaucoup avec peu". Indiquant au passage que, "lors d'un récent déplacement avec des analystes financiers sur le site de Tanger au Maroc, j'y suis allé par un vol d'easyJet et revenu par Ryanair à Beauvais", Carlos Tavares précise sans ambages : "je demande aux collaborateurs de proposer des économies" ! En revanche, "on ne touche pas aux programmes ni aux délais de sortie des nouveaux véhicules". Il insiste : "nous assurons la croissance de Renault, mais sans hausse des dépenses". Car la crise n'est pas finie.