Automobile : le gouvernement prêt à aider le secteur pour éviter un crash

Par Michel Cabirol  |   |  602  mots
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Le gouvernement étudie un éventuel soutien au secteur automobile. Mardi, le directeur général délégué de Renault, Carlos Tavares, avait demandé une aide de l'Etat. Le groupe au losange ainsi que PSA suppriment des intérimaires.

Les constructeurs automobiles bénéficieront-ils d'un soutien des pouvoirs publics, comme l'a demandé mardi le Directeur général délégué de Renault, Carlos Tavares ? "Rien n'est décidé", assure-t-on dans l'entourage du ministre à "latribune.fr" mais l'idée suit son cours. "Cette demande n'a pas été faite officiellement au gouvernement, mais cette demande est parvenue jusqu'au gouvernement. Nous avons mis à l'étude cette proposition", a expliqué mercredi lors d'une conférence de presse le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg.

Comment est-elle "parvenue" aux oreilles du gouvernement ? Visiblement le PDG de l'Alliance Renault-Nissan, Carlos Ghosn, avait anticipé l'arrivée de la gauche au pouvoir et demandé à rencontrer le député PS, Arnaud Montebourg. "Il m'avait fait cette demande", a révélé le ministre. Bien vu, compte tenu que l'Etat détient 15 % de Renault. Pour rappel, le groupe Renault a dégagé l'an dernier un bénéfice net de 2,14 milliards d'euros, certes en partie grâce à Nissan. La marge opérationnelle de son activité automobile s'est montée à 0,8% de son chiffre d'affaires. 

Discussions avec Hollande et Ayrault

"Le secteur automobile fait l'objet aujourd'hui d'une instruction particulière au ministère", a affirmé Arnaud Montebourg . "Nous ne sommes pas en mesure de vous donner des informations, car nous avons besoin d'en discuter avec le Président de la République et le Premier ministre", a-t-il tempéré. Le ministre du Redressement productif a toutefois estimé que, "si vous avez un contexte de chute de la demande d'automobiles, il est extrêmement difficile pour un Etat d'aller contre le vent négatif du marché". "Mais il peut toujours prendre des décisions, nous en reparlerons", a-t-il conclu. La veille, le numéro deux de Renault, Carlos Tavares, avait appelé les pouvoirs publics à des mesures d'aide pour soutenir les ventes de voitures en France et en Europe, comme ils l'avaient fait jusqu'à fin 2010.  Le constructeur automobile, à la recherche d'économies, a d'ailleurs annoncé ce mercredi qu'il se séparait de certains intérimaires dans l'Hexagone, en raison de "la dégradation du marché européen et de la baisse des commandes". L'usine PSA Peugeot Citroën de Sochaux (Doubs) va aussi baisser progressivement la production de trois de ses modèles d'ici début juillet, ce qui entraînera le départ de 300 intérimaires dans les prochains mois, a-t-on appris auprès de la direction

Primes à la casse, c'est cher

Les primes à la casse, déjà mises en oeuvre sous les gouvernements Balladur et Juppé dans les années 90, prévoient des remises pour l'achat d'une voiture neuve contre la cession d'un véhicule âgé destiné à la casse. Un dispositif qui a l'avantage de relancer, provisoirement du moins, les marchés et de favoriser les fabricants de petits véhicules d'entrée de gamme comme Renault. Mais il coûte cher à l'Etat et donc au contribuable. La dernière prime à la casse a coûté à l'Etat un milliard d'euros. Quant au dispositif de bonus-malus pour inciter le client à acquérir des véhicules sobres et rejetant peu de C02, il a pesé pour 1,2 milliard d'euros sur le budget français.

Voiture électrique

Interrogé sur l'avenir de la voiture électrique, Arnaud Montebourg a affirmé par ailleurs que le gouvernement était "engagés aux côtés de Renault pour réussir cette rupture technologique". "Nous considérons que la France est capable, à travers Renault, de disposer d'un avantage compétitif et comparatif décisif. Nous mettrons donc tout en oeuvre pour que le véhicule électrique réussisse son installation durable sur le marché domestique français", a expliqué le ministre.