Un plan auto très attendu pour favoriser les voitures... françaises

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  951  mots
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Le plan auto qui sera annoncé mercredi comportera un "soutien massif" aux véhicules "innovants et propres". Et pour les éventuelles mesures spécifiques d'aide à PSA, il faudra attendre la fin du mois de juillet les résultats de l'expertise demandée par le gouvernement.

C'est finalement mercredi qu'Arnaud Montebourg présentera son plan auto à la presse... et  non ce mardi comme prévu initialement  ! Avec des marges budgétaires très étroites, ce plan passera par un "soutien massif" aux véhicules "innovants et propres".  C'est ce qu'avait déjà déclaré le ministre du Redressement productif, le 18 juillet dernier.   "Nous écartons la prime à la casse et nous nous dirigeons vers des formes de soutien massif aux véhicules innovants et propres", avait alors précisé Arnaud Montebourg.  "Nous sommes très tentés d'accentuer les mesures liées au bonus-malus écologique", avait-il ajouté. Il affirmait "refléchir à une bonne mesure qui permette d'imaginer que les Français puissent accéder à la voiture (pour) moins cher". Mais, les aides publiques ne "seront pas données sans contreparties".

Taux de C02 faible

Les constructeurs tricolores sont effectivement bien placés dans les modèles "innovants et propres", avec notamment de faibles émissions de C02. Et pour cause, puisqu'ils sont spécialisés dans les petits véhicules qui, par définition, rejettent moins de gaz à effets de serre. Ces émissions sont en effet corrélées aux consommations, elles mêmes très liées au poids et donc à la taille des véhicules. Au-delà de la structure des gammes, les deux groupes ont fait de réels efforts technologiques dans les moteurs comme dans l'allègement des véhicules. PSA  revendique ainsi la première place en Europe avec les rejets les plus faibles (125,5 grammes de C02 en moyenne au kilomètre par véhicule sur les trois premiers mois de 2012). Selon des chiffres compilés par l'Association auxiliaire de l'automobile (AAA), elle-même dépendant du Comité des constructeurs français (CCFA), PSA devance le grand spécialiste des véhicules hybrides Toyota (125,6 grammes).  Renault  arrive à une honorable quatrième place (128), derrière Fiat selon ce classement, mais devant Ford et le coréen Hundai-Kia (à égalité avec 131,1). Pas mal !

Hybrides et électriques

"Il y a un avantage des constructeurs qui se sont portés vers l'hybride et l'électrique. Nous souhaitons pousser cet avantage", avait par ailleurs annoncé le ministre. Le système de bonus-malus actuel favorise déjà l'électrique, avec une prime de 5.000 euros, et l'hybride, avec un bonus de 2.000 euros. Mais le gouvernement pourrait choisir de modifier le barème pour rendre ces technologies plus abordables, ce qui ne lui coûterat pas forcément grand chose, vu les faibles ventes!  PSA est  le premier dans le monde à avoir développé des voitures hybrides (thermiques-électriques) diesel, rejetant moins de 100 grammes au kilomètre. Une belle performance pour une Peugeot 3008 Hybrid4 4x4 de... 200 chevaux.  Renault a quant à lui fait de l'électrique un axe majeur de son développement.

CCE chez PSA

Outre un maintien probable du crédit impôt recherche, le plan pourrait aussi passer par l'achat direct de véhicules français par l'Etat et les collectivités locales. Il y devrait y avoir aussi un volet pour la filière automobile, notamment les sous-traitants. Il faudra toutefois attendre la fin de la mission d'expertise mandatée pour le gouvernement sur PSA, dont les conclusions seront rendues le 31 juillet, pour voir éventuellement éclore des mesures spécifiques à... PSA, lequel doit détailler  le 25 juillet prochain son projet de suppression de 8.000 emplois en France et de fermeture du site d'Aulnay. Un nouveau comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire est prévu ce jour-là à 9 heures. Le président du Directoire de PSA, Philippe Varin, s'est engagé ce lundi devant le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, à éviter les licenciements secs au sein du groupe automobile.

Mauvais résultats

Ce même mercredi, le groupe auto doit dévoilera ses résultats financiers semestriels.  Ils seront mauvais.  Philipe Varin  avait déjà indiqué, le 12 juillet dernier,  que son groupe enregistrait une perte opérationnelle de 700 millions d'euros pour la division automobile au titre des six premiers mois de 2012. Et ce, après une perte de 497 millions au deuxième semestre de l'an dernier. Le résultat net du groupe était "négatif au premier semestre 2012", avait-t-il ajouté. PSA est du coup lourdement endetté. C'est même le plus endetté des grands groupes automobiles mondiaux aujourd'hui, après l'ensemble Fiat-Chrysler, selon un tableau comparatif que le patron a montré lors d'une conférence de presse. La dette était de 3,4 milliards d'euros au 31 décembre dernier. Et elle s'aggrave, avec "des taux d'intérêts qui pèsent".

Aides pour Sevelnord?

PSA Peugeot Citroën aurait demandé par ailleurs des "aides importantes au gouvernement" pour l'aider à pérenniser son usine de Sevelnord (Nord), selon trois sources au fait du dossier mentionnées par l'agence Reuters. La direction du site, qui emploie 2.700 personnes, négocie actuellement un accord de flexibilité en échange de l'attribution sur place d'un nouveau véhicule, vital pour Sevelnord si l'usine ne veut pas connaître le même sort que le site d'Aulnay. Un accord a certes été signé entre PSA et Toyota pour l'achat par le japonais de véhicules utilitaires français produits à Sevelnord. Mais cet accord porte sur la génération actuelle de modèles. 

Un second volet de l'accord Toyota-PSA envisage certes des achats par Toyota de véhicules de la génération suivante. Mais rien ne garantit à ce stade que les remplaçants des Citroën Jumpy ou autres Peugeot Expert seront bel et bien assemblés dans le Nord. La question reste ouverte, et donc la survie à terme de Sevelnord.  Contacté par latribune.fr, PSA  indique que, "ce qui est important aujourd'hui, c'est de conclure un accord avec les syndicats sur la performance et la compétitivité" du site.  Sans autre commentaire.