Volkswagen cumule insolemment les milliards de profits

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  698  mots
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Volkswagen annonce une progression de son bénéfice net semestriel de 36 %, à près de 9 milliards d'euros. Les ventes sont en plein boom malgré la crise en Europe.

Un coup monté ? Non, une coïncidence. L'annonce ce jeudi par le groupe allemand Volkswagen d'une hausse spectaculaire de son bénéfice net semestriel de 36 %, à 8,83 milliards d'euros apparaît... comme une (involontaire) provocation, au lendemain de la publication des très mauvais résultats du groupe PSA Peugeot Citroën et la présentation d'un plan gouvernement destiné à revitaliser un "made in France" automobile en péril. Le constructeur germanique, à qui tout semble réussir, a amélioré son chiffre d'affaires de 23 %, à 95,4 milliards d'euros sur les six premiers mois de 2012 et son  résultat d'exploitation de 7 %, à 6,5 milliards d'euros. Soit une marge de 6,8 % du chiffre d'affaires. Et encore ce profit d'exploitation semestriel ne comprend-il pas le bénéfice en progression d'un tiers à 1,8 milliard d'euros tiré des co-entreprises chinoises.

Hausse des investissements
Les liquidités nettes de la division automobile ont atteint, les 14,9 milliards, en recul de plus de 2 milliards par rapport au 31 décembre 2011. A cause essentiellement des 2,1 milliards investis dans la hausse des participations dans le constructeur de  camions MAN, explique la firme d'outre-Rhin. A noter que la forte croissance des résultats du groupe s'explique en partie par la consolidation dans ses comptes du fabricant de poids lourds depuis novembre. Les investissements industriels et mobiliers ont crû de presque un milliard à 3,4 milliards. Soit 4 % du chiffre d'affaires.

Seat est déficitaire
Volkswagen est bénéficiaire dans toutes ses marques sauf l'espagnol Seat. La marque Volkswagen (voitures particulières) proprement dite a vu son bénéfice opérationnel croître sur le semestre de 4 %, à 2,2 milliards avec des ventes de véhicules en progression de près de 10 %. La marque haut de gamme Audi a affiché un profit opérationnel de 2,9 milliards (+ 13 %) et le label tchèque Skoda de 449 millions (+ 9 %). La filiale ibérique Seat est en perte de 42 millions.  La branche Volkswagen (véhicules commerciaux) a amélioré légèrement son profit à 242 millions. Le groupe de Wolfsburg maintient ses objectifs pour l'ensemble de l'année en cours. Il s'attend toujours à un bénéfice opérationnel stable (11,3 milliards d'eros en 2011) et à une hausse de son chiffre d'affaires (159 milliards d'euros l'an passé) en 2012. Pas si mal.

Asie et Amérique du nord se portent bien
Le groupe de Basse-Saxe dans son ensemble est parvenu sur le semestre à accroître ses volumes de 12,4 %, à 4,6 millions de véhicules vendus avec une pénétration du marché mondial en hausse à 12,4 % - les chiffres diffèrent quelque peu de ceux communiqués par le groupe début juillet ! Skoda parvient même à des ventes record. Et ce, malgré un climat économique morose qui a affecté les résultats du groupe en Europe de l'Ouest (hors Allemagne), où la chute des ventes s'est poursuivie sur les six premiers mois de l'année (- 5,7 % sur un an à 1,01 million). En Europe centrale et orientale, les ventes ont néanmoins poursuivi leur progression en bondissant de 27,3 %, à 322.900 unités. Aux Etats-Unis, les livraisons ont crû sur la période de janvier à juin de 30,4 % (à 275.200), portant la hausse des ventes pour la région nord-américaine à + 22,1 % (389.800). En Asie-Pacifique, le groupe a vu ses ventes bondir de 17,6 % (1,48 million), en particulier en Chine (+ 17,5 %  à 1,3 million). Le consortium a d'ailleurs inauguré ce jeudi une nouvelle usine à Yizheng, dans l'est de la Chine, d'un potentiel de 300.000 véhicules. Volkswagen compte porter ses capacités de production à 4 millions de véhicules en 2018 dans l'ex-Empire du milieu. 

PSA en perte
Mercredi, PSA avait annoncé une perte nette de 819 millions d'euros au premier semestre, en raison essentiellement d'un déficit opérationnel pour les activités automobiles de 662 millions. Le chiffre d'affaires était en régression de 5 %, à 29,5 milliards. L'américain Ford a de son côté enregistré au deuxième trimestre un bénéfice divisé par plus de deux en un an à 1 milliard de dollars (700 millions d'euros), plombé par une perte de 404 millions de dollars en Europe. Le japonais Nissan, partenaire de Renault, a fait état jeudi d'un recul de 15 % de son bénéfice net au premier trimestre de son exercice budgétaire 2012-2013 (avril-juin) à 72,3 milliards de yens (720 millions d'euros), malgré une progression de 14,6% de ses ventes mondiales de véhicules. Renault doit publier vendredi prochain ses résultats au titre du semestre.