Ce n'est pas un, mais trois modèles inédits que la marque Qoros exposera au salon de Genève, début mars. En plus de la berline de gamme moyenne Qoros 3 (comme la Série 3 de... BMW), qui sera présentée en première mondiale sur les bords du lac Léman, le nouveau constructeur chinois dévoilera les concepts d'une future version break et d'un dérivé 4x4 hybride. Carrément. La berline Qoros 3 sera la première produite, dans une usine tout juste sortie de terre à Changshu, en Chine. Sa construction est presque terminée. Qoros exploite aussi à Shanghai un centre technique hébergeant également les directions de ventes et des achats, ainsi que des sites techniques à Munich (Allemagne) et Graz (Autriche). La berline sera commercialisée au second semestre 2013 en Chine, puis commercialisée en Europe vers la fin de l'année. L'objectif est de lancer un nouveau modèle tous les six mois!
Arsenal technologique
Dessinée sous la houlette d'une équipe basée à Munich -la ville de BMW justement- et à Shanghai dirigée par Gert Volker Hildebrand, l'auteur des Mini (groupe BMW), cette gamme se veut racée, élégante et "high tech". Des coupés et cabriolets sont aussi prévus. Qoros fournira tout un arsenal technologique avec des moteurs tricylindres turbo, des diesels, des boîtes robotisées à double embrayage... Un modèle de gamme compacte est aussi en développement.
Propriété de Chery et d'une holding israélienne
Propriété à 50-50 du constructeur chinois Chery et d'une holding financière israélienne, Israel Corp, Qoros se donne les moyens de ses ambitions, a priori démesurées.Les plates-formes sont développées par le spécialiste canadien Magna. Qoros travaille avec les grands équipementiers comme Bosch ou Continental, TRW, Getrag... Et la société a recruté des spécialistes chez les constructeurs du Vieux continent. Outre le patron du design, le patron opérationnel, Volker Steinwascher, arrive de chez Volkswagen. Qoros a recruté aussi des anciens de Volvo, Saab, Mercedes, GM, Jaguar Land Rover (JLR). La marque compte produire initialement 150.000 véhicules par an. Mais elle a d'ores et déjà prévu de porter les capacités à 450.000 unités annuelles en cas de succès. Chery est aujourd'hui le... premier exportateur automobile chinois. Mais ses véhicules sont très rustres et de qualité médiocre. D'ailleurs, ils ne trouvent preneurs que dans les pays émergents.
Des projets paradoxaux
Ce tout nouveau constructeur chinois tente de s'afficher d'emblée comme le premier label automobile haut de gamme de Chine. Mais pour être reconnu comme un constructeur "premium" en Chine, il est indispensable d'être considéré comme allemand ou à tout le moins de conquérir ses galons en Europe. Seulement, voilà: pourquoi les consommateurs européens se jetteraient-ils sur des véhicules d'une marque inconnue, sans tradition, sans identité? Même si les tarifs sont promis intéressants. Le pari de la vente en Europe semble paradoxal, quand on voit les difficultés de Lexus, marque haut de gamme de Toyota, ou Infiniti, label de Nissan, à s'imposer en Europe. Malgré une solide réputation outre-Atlantique. Même le très puissant coréen Hyundai-Kia a renoncé pour le moment à se frotter aux spécialistes allemands sur le Vieux continent.