Renault relance Alpine à l'assaut des 24 Heures du Mans

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  595  mots
L'Alpine des 24 Heures du Mans 2013. Copyright Renault
Les Alpine de série n'arriveront pas avant 2016. En attendant, Renault fait du "buzz" en participant aux 24 Heures du Mans. Une Alpine avait remporté l'épreuve mancelle... il y a 35 ans.

Les voitures de série n'arriveront pas avant 2016. Mais, en attendant, Renault veut faire de la publicité. Et, quoi de plus légitime pour le groupe au losange que d'utiliser la vitrine des 24 Heures du Mans? Après avoir annoncé le 8 mars dernier son engagement dans la prochaine course d'endurance mancelle, l'équipe Signatech-Alpine a présenté ce vendredi - à L'Atelier Renault, vitrine d'exposition sur l'avenue des Champs-Elysées à Paris - le prototype qui portera le n°36. Les premiers tours de roues de l'Alpine n°36 auront lieu les 26 et 27 mars prochains sur le circuit Paul Ricard du Castellet. Dotée d'un châssis spécifique mais équipée d'un moteur puisé chez l'allié japonais Nissan de 500 chevaux, cette voiture mesure 4,61 mètres de long, pèse 900 kilos, et est capable d'atteindre les 330 kilomètres à l'heure.

Il y a un peu moins de 35 ans, l'Alpine-Renault A442B avait été victorieuse des 24 Heures du Mans 1978, avec Jean-Pierre Jaussaud et Didier Pironi. Cette année, l'équipage engagé aux 24 Heures du Mans sera constitué de Nelson Panciatici et Pierre Rague. Ils seront rejoints par Tristan Gommendy. Renault n'espère pas gagner, mais veut se montrer et observer.

Un prix de 35 à 40.000 euros

Renault avait annoncé le 5 novembre dernier le prochain retour d'Alpine. La marque, qui eut son heure de gloire dans les années 60 et 70 avec la célèbre Berlinette,  renaît dans le cadre d'un partenariat avec le spécialiste britannique  des voitures de sport Caterham. La nouvelle Société des Automobiles Alpine Caterham, dirigée par Bernard Ollivier, travaille d'ores et déjà sur un nouveau véhicule. L'assemblage final sera a assuré par l'usine normande de Dieppe... berceau historique de la marque. Pour cette voiture emblématique, qui reprend le label champion du monde des rallyes au début des années 70, "la cible est un prix autour de 35-40.000 euros", selon les informations que nous avions recueillies en interne l'an dernier.

Le véhicule pourrait développer "200-250 chevaux", rester assez léger en pesant "1,2-1,3 tonne" seulement, avec des dimensions contenues de "moins de 4,30 mètres de long". Cette Alpine "ressemblerait à la Berlinette A 110".  Pour la première fois, un constructeur français ferait donc du "rétro" en s'inspirant d'un de ses modèles historiques. La production serait de quelques milliers d'unités annuelles.

Une marque créée en 1955

Renault avait déjà essayé de recréer la marque précédemment. Trois projets ont vu le jour depuis les années 90, sans jamais franchir jusqu'ici l'étape du feu vert, faute de rentabilité assurée. Alpine a une très longue histoire qui remonte à... 1955. Créée par un concessionnaire Renault, Jean Rédélé, à Dieppe (Seine maritime), Alpine a vécu quarante ans d'histoire passionnelle et... mouvementée. Tout a démarré avec un petit coupé qui reposait sur une modeste base de 4CV. La Berlinette A108 a été dévoilée pour sa part en 1960. Un véhicule-clé, qui servira de base à la fameuse A 110, laquelle deviendra la voiture sportive française par excellence, délicate à piloter, exiguë, mais d'une légèreté et d'une agilité phénoménales.

Après, au milieu des années 70, viendra la déchéance. En prenant le contrôle direct d'Alpine, Renault se fourvoiera dans une vaine tentative de recréer une Porsche à la française, avec des véhicules trop chers -mais peu fiables- , alors que le marché français subira de plein fouet la fiscalité dissuasive (déjà!) et les limitations de vitesses. Du coup, en 1995,  la marque aura cessé d'exister.