Malgré la crise, Renault espère vendre plus de voitures... en 2013

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  886  mots
Carlos Ghosn / Reuters
Carlos Ghosn, PDG de Renault, assure que les ventes du groupe français progresseront cette année, malgré un mauvais premier trimestre. Grâce à ses nouveautés et à une croissance attendue notamment au Brésil et en Russie.

« En 2013, nos ventes mondiales progresseront et nous enregistrerons un « free cash flow » positif », a martelé Carlos Ghosn, PDG de Renault et de Nissan, lors de l'assemblée générale des actionnaires du groupe français ce mardi. Son relatif optimisme, le dirigeant le fonde notamment sur « un marché mondial prévu en hausse de 3% en 2013 ». Mais, attention, « les marchés européen et français seront, eux, en recul de 5% ». Toutefois, Renault affirme avoir de réels atouts, dont le plan produits est primordial. Après une longue atonie, la firme au losange a en effet lancé fin 2012 la Clio IV, début 2013 la Zoé électrique, puis les Clio Estate (break) et le Captur (petit « SUV » genre faux 4x4) ». Des modèles qui innovent effectivement, en particulier sur le plan esthétique et des émissions polluantes.

Plein de nouvelles Dacia

Par ailleurs, du côté de la marque à bas coûts roumaine Dacia, le constructeur tricolore a renouvelé en fin d'année dernière la Logan et la Sandero. Il s'apprête en outre à commercialiser un nouveau break Logan. Des salves de nouveautés comme le groupe n'en avait pas connues depuis très longtemps. Carlos Ghosn rappelle également les « bons résultats des véhicules Renault dans les différents classements qualité des véhicules ». Effectivement, de récentes enquêtes auprès des consommateurs en Europe ont confirmé une nette amélioration de la satisfaction concernant la fiabilité des véhicules. Il était temps.

Un mauvais premier trimestre

Dans un marché automobile mondial en croissance de 0,7 %, les immatriculations du groupe Renault ont toutefois reculé au premier trimestre 2013 de 4,7% à 608.455 unités, avec un chiffre d'affaires des activités automobiles en recul de 12,6% à 7,734 milliards d'euros. Un médiocre début d'année.

Les produits, cruciaux, ne sont pas tout pour permettre le « maintien de nos positions en Europe », comme le promet Carlos Ghosn. Le PDG souligne aussi l'importance des accords de productivité, signés en Espagne en fin d'année dernière et dernièrement en France, pour réduire les coûts du constructeur et donc la compétitivité de ses véhicules. Signé par les organisations syndicales CFDT, CFE-CGC et FO, l'accord de compétitivité intitulé « Contrat pour une nouvelle dynamique de croissance et de développement social de Renault en France » permet davantage de flexibilité, avec une augmentation de 6,5% du temps de travail, une refonte des comptes épargne-temps, un gel des salaires en 2013 et 7.500 suppressions nettes d'emploi en France d'ici à fin 2016.

Cet accord permet d'abaisser de 300 euros le coût de chaque voiture fabriquée en France, selon le constructeur. La firme automobile française s'est engagée en échange à « produire un minimum de 710.000 véhicules en France à horizon 2016, contre un peu plus de 530.000 en 2012 ». Carlos Ghosn a de nouveau pris l'engagement, ce mardi, de ne procéder, durant la période courant jusqu'à 2016, à « aucun plan social ni fermeture d'usine ».

Economies en tous genres

Le PDG a affirmé par ailleurs que Renault ferait davantage d'économies cette année qu'en 2012 (583 millions l'an dernier). Il a aussi réitéré que l'Alliance avec le japonais Nissan « avait généré, en 2012, 2,6 milliards d'euros, dont 1,16 milliards pour Renault ». L'Alliance est « la dix-septième entreprise mondiale, détient 10% de part de marché mondiale et emploie 400.000 personnes », a-t-il fièrement rappelé. Il a aussi indiqué que le rapprochement avec l'allemand Daimler (Mercedes), scellé il y a trois ans, permettrait à l'usine française de Maubeuge de produire « 40.000 Citan (version de l'utilitaire Kangoo) pour Mercedes en 2013 ». Et « Mercedes s'est adressé à Renault pour renouveler sa Smart ». La Smart et la Twingo de Renault, qui partageront la même architecture, sortiront « en 2014 ».

L"intercontinentalisation" est en marche

Carlos Ghosn a aussi réaffirmé la dimension intercontinentale de Renault. « En 2013, nous progresserons au Brésil et en Russie. Nous initierons aussi notre projet industriel en Chine ». Et, avec le russe Avtovaz (Lada), « les capacités de l'Alliance en Russie seront portées à 1,7 million d'unités à l'horizon 2016 ».

Enfin, à une question d'un actionnaire sur l'avenir du haut de gamme chez Renault, le PDG à double casquette a expliqué : « les seuls qui ont vraiment réussi dans le haut de gamme à ce jour sont les Allemands. Nos tentatives dans le passé n'ont pas réussi ». Mais, « ce n'est pas une fatalité. La première offensive sera faite avec le remplaçant de l'Espace en 2014, suivi d'une berline et d'un break pour remplacer les Laguna et ancienne Vel Satis. C'est un marché extrêmement difficile. Mais nous bénéficierons du soutien de Mercedes et d'Infiniti (ndlr : marque haut de gamme de Nissan) ». Carlos Tavares, DG délégué de Renault, a précisé pour sa part que ces véhicules « seraient développés sur la plate-forme mondiale « CMF 1 » de l'Alliance Renault-Nissan ».

Salaire trop élevé ?

L'Assemblée générale de Renault a conclu sur les récriminations d'un actionnaire concernant la rémunération du PDG. Carlos Ghosn, visiblement agacé, a rétorqué vivement que ce n'était pas lui qui en fixait le montant. Sa rémunération (pour Renault) s'est montée au titre de 2012 à 2,88 millions d'euros, soit à peu près du même niveau que l'année précédente. Mais, c'est surtout en tant que PDG de Nissan que Carlos Ghosn gagne très bien sa vie  (environ 10 millions d'euros)!