Michelin supprime 730 emplois... mais investit en France

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  611  mots
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Michelin va supprimer 730 postes en France à Joué-lès-Tours. Il va regrouper la production de pneus de poids-lourds en Vendée. Le fabricant de pneus compte investir 800 millions d'euros dans la modernisation de ses sites hexagonaux et dans la recherche et le développement à Clermont-Ferrand.

Michelin va bel et bien supprimer 730 postes en France, a reconnu la direction ce lundi. Le site de Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire), dont l?atelier de pneus poids-lourd cesserait son activité d?ici au 1er semestre 2015, sera spécialisé dans les produits appelés « semi-finis » déjà fabriqués sur place. Cette usine de 930 personnes en conservera 200 environ. Mais, cette suppression d'emplois fait partie d'un plan d'ensemble qui prévoit un "investissement d?environ 800 millions d?euros en France de 2013 à 2019 dans les sites industriels ainsi que la recherche et le développement".  Le manufacturier français compte ainsi "regrouper  les productions de Joué-lès-Tours et de La Roche-sur-Yon (Vendée). Ce qui permettra de "doubler la production d'ici à 2019" en Vendée, moyennant un investissement de "100 millions d?euros en machines de production modernes et performantes". Le site de La Roche "deviendrait ainsi un pôle majeur de production de pneus de poids-lourds en Europe avec une production exportée à hauteur de 75%, créant ainsi 170 emplois sur ce site".

145 millions au Puy

Par ailleurs, "pour répondre à la croissance envisagée du marché mondial des pneus de génie civil, Michelin a pris la décision d?investir dans ses sites français spécialisés. "145 millions d?euros seraient consacrés de 2013 à 2019 à des projets de modernisation et d?augmentation de capacité de ces pneus à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) et au Puy-en-Velay (Haute-Loire)". Avec la création, selon Michelin, de 160 emplois dans la première usine, de 90 dans la deuxième. Enfin, le "centre de Recherche et développement de Michelin à Clermont-Ferrand va faire l?objet d?une profonde modernisation avec la construction et la transformation de bâtiments qui représentent un investissement de 220 millions d?euros entre 2013 et 2019".

Fermeture en Algérie

Pour les  730 salariés frappés à Joué-lès-Tours, "250 pourraient bénéficier d?un aménagement de fin de carrières. Chacun des 480 salariés restants se
verra proposer 2 postes correspondants à ses compétences sur un autre site de Michelin en France", assure le fabricant de pneus, qui annonce par ailleurs l'arrêt de son usine de pneus de poids-lourds en Algérie. Dans l'Hexagone, le consortium auvergnat assure, que, "pour assurer un renouvellement de son personnel industriel et la réalisation des projets évoqués, Michelin recruterait environ 1.700 personnes dans les six années à venir".
venir. Le groupe Michelin "provisionnera 135 millions d?euros de charges non récurrentes dans ses comptes à fin juin 2013" pour financer l?ensemble des mesures.

Bons résultats 2012

Exemple même de la réussite de l'industrie auto tricolore avec tous les ingrédients communément attribués aux entreprises allemandes ou japonaises (sérieux, rigueur, constance et stratégie à long terme), Michelin , dont le siège est toujours à Clermont-Ferrand, résiste à la crise grâce à son intercontinentalisation et des produits à forte valeur ajoutée. Celui qui figure parmi les tout premiers fabricants mondiaux de pneus avec l'américain Goodyear et le japonais Bridgestone a amélioré de 25% en 2012 son résultat opérationnel (avant éléments non récurrents) à 2,42 milliards d'euros. La marge opérationnelle a grimpé encore de deux points en un an à 11,3%. Une belle valeur qui se compare à celle... de BMW. Le "cash flow libre" (flux de trésorerie) était supérieur à un milliard d'euros. Pas mal pour une période de crise, alors que PSA affiche dans le même temps des pertes historiques. De quoi investir entre 1,8 et 2,2 milliards par an d'ici à 2015, comme le manufacturier clermontois l'a annoncé. Pour 2013, Michelin demeure prudent. Il escompte des volumes tout comme un résultat opérationnel (avant éléments non récurrents) stables. Avec un flux de trésorerie positif.