Pourquoi Maserati se met au... diesel

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  788  mots
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La célèbre firme de Modène (groupe Fiat) lancera en septembre une très belle et luxueuse berline sportive, la Ghibli. Pour la première fois, une version diesel (de 275 chevaux) est prévue. Plus de 50% des voitures vendues en Europe, et 70% en France, seront mues par cette mécanique à gazole. La firme au trident escompte au total 20.000 ventes de Ghibli par an (à partir de 66.500 euros).

Une Maserati... diesel? Quel sacrilège! Plus de V8 sur les belles sportives de la marque de Modène? Aïe. Comme Porsche ou Jaguar, l'italien se met donc au gazole pour l'Europe. La belle et luxueuse berline Ghibli, qui reprend le nom d'un célèbre coupé des années 60, étrenne un V6 diesel 3 litres du motoriste transalpin VM. Elle sera livrable en septembre. Mais, pas d'inquiétude! Les claquements du moteur à gazole seront couverts par le feulement  du V8 grâce... à une reconstitution artificielle du bruit! Ouf. Ce V6 diesel anime déjà le 4x4 Jeep Grand Cherokee et la Lancia Thema du groupe Fiat, auquel appartient aussi Maserati. Sur ce diesel, la marque a quand même fait grimper la puissance d'une bonne trentaine de chevaux à 275, pour ne pas décevoir les clients. Que les puristes se rassurent! Le label italien, évocateur de sport et de luxe aux yeux des connaisseurs, propose toutefois également des moteurs V6 bi-turbo (330 et 410 chevaux) à essence.

Plus de la moitié des ventes

"Les clients fidèles de Maserati achèteront les versions à essence. Mais, en Europe, ceux qui viennent à la marque et avaient auparavant une BMW 5 ou une Jaguar XF diesel choisiront la Ghibli diesel. Nous prévoyons que plus de la moitié des ventes de Ghibli en Europe porteront sur la version diesel", précise la firme au trident. Le constructeur vise 20.000 Ghibli dans le monde en année pleine, dont 30% en Europe. "En France, sur les 6 à 800 prévues annuellement, le diesel devrait peser à hauteur de 70% des ventes". Normal, sur le segment des berlines genre BMW 5 ou Mercedes E en Europe, 75% des véhicules roulent au gazole. La version diesel est même la moins chère de la gamme, puisqu'elle démarre à 66.500 euros (avec une garantie de trois ans), contre 68.500 euros pour la première version V6 à essence. Une Ghibli diesel peut séduire un patron de PME qui roule beaucoup, par exemple. Politiquement correcte, une Ghibli à gazole devrait écoper d'un malus  prétendument écologique de 1.500 euros seulement, contre 6.000 pour la version à essence.

Produite près de Turin

Cette Ghibli a été développée avec des éléments de plate-forme de la Chrysler 300 (alias Lancia Thema en Europe)Elle est produite dans l'ex-usine du carrossier Bertone à Grugliasco (banlieue de Turin). Elle constitue un jalon essentiel de la relance de cette marque mythique, qui a vendu 6.288 voitures dans le monde l'an dernier (+2%), dont 45% aux Etats-Unis,  mais vise les... 50.000 unités annuelles à partir de 2015.  L'an dernier, la marque a réalisé une marge opérationnelle de 6,6%, presque trois fois inférieure à celle de Porsche!

Limousine et 4x4

Longtemps endormi, Maserati se réveille. La Ghibli arrive quelques mois à peine après sa grande soeur, la Quattroporte, présentée au dernier salon américain de Detroit. Cette Quattroporte est une longue limousine de 5,26 mètres de long, destinée essentiellement à l'Amérique du nord et à l'Asie. Avec, comme porte-drapeau, un moteur d'origine Ferrari V8 bi-turbo de... 530 chevaux, à essence. Ce modèle, qui partage d'ailleurs ses dessous avec la Ghibli et est produit dans la même usine, coûte de 109.500 euros en V6 et 148.400 en V8. La Quattroporte rivalise avec les versions longues des Mercedes S ou Jaguar XJ. Ce n'est pas fini. En 2014, un 4x4 de prestige sur base du Jeep Grand Cherokee est également prévu - Jeep appartient à Chrysler, contrôlé par Fiat. Ce 4x4 baptisé Levante devrait être fabriqué outre-Atlantique. 20.000 unités par an en sont escomptées. Vaste programme. Jamais la firme n'avait connu autant de nouveautés.

Histoire mouvementée

Créée en 1914 par Alfieri Maserati, Maserati a eu son heure de gloire avec les victoires en course du pilote argentin Juan Manuel Fangio dans les années 50, puis avec les emblématiques modèles des années 60. En 1968, la firme passe sous le contrôle de Citroën à qui il fournira le beau (et fragile) moteur six cylindres de la SM. Trois Maserati partageront du coup des composants avec la SM. Il s'agira des Bora, Merak et Khamsin. Mais, au milieu des années 70, Citroën au bord de l'abîme et victime de l'insuccès de la SM abandonne la firme italienne à son sort. Celle-ci vivotera de reprise en reprise - elle passera même sous la houlette de l'américain Chrysler (!) dans les années 80. Enfin, en 1993, c'est Fiat qui reprendra son destin en mains. Après bien des errements, la marque est in fine regroupée depuis 2006 dans un pôle commun avec Alfa Romeo, la firme d'origine milanaise reprise par Fiat en 1986. Espérons que, après une interminable léthargie, il ne soit pas trop tard.

Pour en savoir plus...
>>> DIAPORAMA Maserati, l'excellence à l'italienne