Affaire Volkswagen : la descente aux enfers continue

Par latribune.fr  |   |  710  mots
Selon le quotidien El Pais, Seat a monté plus d'un demi-million de moteurs truqués dans ses véhicules depuis 2009.
Le gouvernement espagnol pourrait demander à Seat, filiale locale de Volkswagen, de rembourser les aides perçues pour les voitures fabriquées avec des moteurs truqués, vendues à l'occasion de campagnes de promotion de véhicules performants. Le groupe automobile a également désigné samedi un nouveau patron.

Le scandale Volkswagen n'en finit plus de rebondir. Le gouvernement espagnol pourrait demander à Seat, filiale locale de Volkswagen, de rembourser les aides perçues pour les voitures fabriquées avec des moteurs truqués, vendues à l'occasion de campagnes de promotion de véhicules performants.

"Dans la mesure où ces voitures ont été vendues notamment grâce à l'aide accordée aux véhicules performants, nous allons logiquement proposer le remboursement" de ces aides, a affirmé le ministre espagnol de l'Industrie José Manuel Soria samedi.

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500.000 véhicules concernés depuis 2009 en Espagne

M. Soria a déclaré qu'il attendait que Seat rende public le nombre de véhicules concernés par la tricherie destinée à contourner les tests antipollution, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Espagne. Selon le quotidien El Pais, Seat a monté plus d'un demi-million de moteurs truqués dans ses véhicules depuis 2009.

Le ministre espagnol a ajouté que cette proposition se fera "non obstant les autres mesures qui pourraient être décidées compte-tenu de l'augmentation des émissions polluantes dues au logiciel" installé sur ces moteurs.

"Seat a équipé certains de ses véhicules avec des moteurs EA189 du groupe Volkswagen", a reconnu jeudi un porte-parole de Seat contacté par l'AFP, sans vouloir donner de chiffres.

La marque espagnole a vendu 378.586 véhicules en 2014 et près de 2 millions, essence et diesel, au cours des six dernières années, selon les calculs de El Pais. Volkswagen, fort de 12 marques de voitures et de camions, a admis avoir mis en place un logiciel sur les moteurs diesel de type EA189 équipant environ 11 millions de ses voitures dans le monde pour contourner les tests antipollution.

>> Lire : le doute plane sur 500.000 voitures Seat

Aide de 1.500 euros par véhicule acheté

Le gouvernement espagnol avait présenté en 2009 un plan, baptisé "Plan Pive", depuis régulièrement renouvelé, visant à accélérer le renouvellement du parc automobile espagnol. Les consommateurs espagnols bénéficiaient d'une aide de 2.000 euros, apportée par l'Etat, s'ils achetaient un véhicule neuf en rapportant aux concessionnaires automobiles une voiture âgée de plus de dix ans.

En mai dernier, le gouvernement avait approuvé un nouveau programme d'aide portant sur 225 millions d'euros mais l'aide avait été ramenée de 2.000 euros à 1.500 euros par véhicule acheté.

M. Soria a souligné qu'il restait en contact aussi bien avec Volkswagen qu'avec Seat, et que les deux groupes avaient confirmé un investissement de 3,3 milliards d'euros en trois ans dans l'usine de Martorell, en Catalogne.

Volkswagen possède en Espagne des usines en Catalogne (Nord-Est) et en Navarre (Nord) où il fabrique les véhicules de sa marque Seat, rachetée dans les années 1980, mais aussi des modèles sous sa marque et pour Audi, selon son site internet.

Le secteur automobile est essentiel pour l'Espagne, où de nombreux constructeurs étrangers possèdent des usines. Il a représenté 6,7% du produit intérieur brut (PIB) espagnol en 2013, selon la fédération professionnelle Anfac.

Le patron de Porsche prend les commandes

En pleine tempête, le colosse automobile s'est choisi un nouveau patron, le chef de Porsche Matthias Müller, qui a promis que toute la lumière serait faite sur l'affaire des moteurs truqués et que le groupe, profondément ébranlé, allait s'en remettre.

Comme cela était pressenti, les vingt membres du conseil de surveillance réunis au siège de Volkswagen à Wolfsburg, dans le nord de l'Allemagne, ont désigné vendredi M. Müller, 62 ans, à la tête de Porsche depuis 2010, pour succéder à Martin Winterkorn.

A l'issue de plusieurs heures de réunion, le chef de l'organe de contrôle Berthold Huber a évoqué à propos de l'affaire "un désastre moral et politique" pour l'entreprise, numéro un mondial de l'automobile fort de 590.000 salariés.

Mais "nous pouvons et nous allons surmonter cette crise" et faire de Volkswagen un groupe plus fort, a promis M. Müller, grand amateur de football et de sports automobiles et pur produit de l'empire Volkswagen.

M. Winterkorn, aux commandes depuis 2007, avait démissionné mercredi, assumant la pleine responsabilité du scandale qui a éclaté il y a une semaine aux Etats-Unis, et qui a depuis ébranlé le secteur automobile.