Audi enregistre un exercice 2015 sans faste, mais va continuer à investir

Par Nabil Bourassi à Ingolstadt  |   |  489  mots
Avec le Q2, Audi veut aller sur un segment où il n'était pas présent, et où aucun de ses concurrent premium n'est présent. (Crédits : DR)
Le constructeur automobile européen a vu ses ventes progresser de 8,6% à 58,6 milliards d'euros. Le bénéfice est toutefois en baisse, ainsi que la marge opérationnelle. Le groupe n'attend pas d'améliorations substantielles de ses indicateurs de profitabilité à moyen terme, car il fait le choix assumé d'investir massivement.

Volkswagen a décidé de reporter ses publications de résultats, sans mystère, en raison de l'impact financier du scandale des moteurs truqués. En attendant, les analystes pourront s'appuyer sur les résultats d'Audi, la filiale la plus profitable du groupe.

Difficile de dégager une tendance tranchée sur les résultats de marque aux anneaux. Car si le chiffre d'affaires enregistre une nette hausse (58,4 milliards d'euros, soit une hausse de 8,6%), le bénéfice opérationnel, lui, ressort à 4,83 milliards d'euros soit une baisse de 6,1%. On peut aisément imaginer qu'Audi subit l'impact du scandale Volkswagen. Sauf qu'en dehors des éléments exceptionnels, le bénéfice opérationnel s'élève à 5,13 milliards d'euros, soit une baisse de 0,3%. Il s'agit d'une contre-performance par rapport à la progression des ventes.

L'impact dérisoire du scandale des diesels truqués

Audi a provisionné 228 millions d'euros pour couvrir "sa" part de l'affaire Volkswagen qui comprend le rappel des voitures dotées d'une motorisation V6, les dépenses techniques inhérentes aux réparations et mise à jour logiciel des voitures incriminées, ainsi que les frais juridique. À cela, il faut ajouter une provision de 70 millions d'euros d'un plan de rappel préventif de voitures équipées d'airbags Takata.

Tout cela n'est pas sans impact sur la marge opérationnelle. Celle-ci passe de 9,6% à 8,3%, soit une baisse de 1,3 point. Elle atteint toutefois 8,8% si on ne tient pas compte des provisions. Pour Axel Strotbek, membre du directoire d'Audi AG en charge de la finance, la marge opérationnelle d'Audi est en phase avec l'objectif fixé il y a dix ans : "nous sommes bien dans le couloir de 8 à 10%, et avec notre performance reste solide". Alex Strotbek conçoit toutefois que cette marge pourrait se maintenir dans le tiers inférieur de cette fourchette compte tenu des projets d'investissements à venir que ce soit dans les nouvelles motorisations (le tout électrique, ou l'hydrogène), les nouveaux modèles ou dans les capacités de production.

Audi puise dans sa trésorerie pour investir

La trésorerie nette est en baisse de 45% à 1,6 milliard d'euros. Ce poste est impacté par la prise de participation d'Audi dans le rachat de Here, le service de cartographie de Nokia, et qui s'élève à 668 millions d'euros. Le groupe a d'ailleurs indiqué qu'il continuerait à financer ses investissements sur ses fonds propres. Il faut dire que la marque continue à générer énormément de cash-flow. En 2015, il a produit 7,2 milliards d'euros de cash flow, en baisse de 2,9%.

Audi n'est pas extrêmement optimiste pour l'année en cours. Il prévoit une croissance "modérée" de ses ventes cette année tout en annonçant une hausse de ses investissements. Il prévient ainsi qu'il ne faudra pas attendre d'amélioration substantielle sur le cash-flow.

La marque rappelle néanmoins que si les indicateurs de profitabilité sont moins bons que dans le passé, ils restent néanmoins à un niveau très élevé.