Bridgestone : Xavier Bertrand demande à l'Etat de sauver l'usine de Béthune

Par latribune.fr  |   |  640  mots
Le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand dit travailler main dans la main avec le gouvernement français pour éviter la fermeture de l'usine de Béthune (Crédits : BENOIT TESSIER)
Le président de la région Hauts-de-France incite l'Etat à financer les investissements nécessaires pour éviter la fermeture de l'usine Bridgestone de Béthune (Pas-de-Calais).

L'État français doit proposer de financer les investissements nécessaires pour éviter la fermeture de l'usine Bridgestone de Béthune (Pas-de-Calais) et la délocalisation de son activité, a estimé dimanche le président de la région Hauts-de-France. La ministre déléguée à l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, a exclu au "Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI" que l'État rentre au capital de l'entreprise, une "fausse solution" qui ne "résout rien". "Le cœur du sujet c'est d'avoir un projet industriel qui tienne la route", selon elle. Xavier Bertrand a cité en exemple le bras de fer, qui avait opposé en 2013 l'État italien au fabricant de pneumatiques japonais, au terme duquel Rome avait accepté de financer des investissements pour sauver une usine de Bari qui devait être délocalisée.

"L'usine est restée ouverte et 60% des emplois ont été sauvés", a déclaré sur Europe 1 l'ancien responsable de Les Républicains, qui a dit travailler main dans la main avec le gouvernement français pour éviter la fermeture de l'usine de Béthune. "Il faut tout faire pour l'éviter", a-t-il insisté.

Agnès Pannier-Runacher a assuré de son côté que la direction de Bridgestone avait accepté d'entamer des négociations sur l'avenir de l'usine. "Les salariés et les organisations syndicales ont signé un accord de méthode qui donne cinq mois à la discussion et rouvre des scénarios alternatifs à la fermeture de l'usine", a-t-elle déclaré pendant l'émission Le Grand Jury sur RTL et LCI. La direction de Bridgestone et les salariés de l'usine de Béthune ont signé vendredi cet accord de méthode, annoncé mercredi par le géant japonais du pneumatique. Selon Xavier Bertrand, les plans de relance annoncés au niveau national et régional doivent permettre de faire les investissements nécessaires.

Mauvaise foi de Bridgestone

Le président des Hauts-de-France a par ailleurs fustigé la mauvaise foi de Bridgestone, reprochant à la société japonaise de ne jamais avoir répondu à ses sollicitations pour savoir comment assurer la pérennité de l'usine de Béthune, tout en bénéficiant d'aides publiques. "Les aides publiques doivent être remboursées" à chaque fois qu'une entreprise décide de délocaliser son activité, a insisté Xavier Bertrand.

La ministre a également fustigé la méthode adoptée jusqu'ici par la direction du géant japonais. "Ce qui est inadmissible (...) c'est de ne pas avoir ouvert la discussion en amont de cette annonce brutale", a-t-elle jugé. "On savait que l'usine était en perte de vitesse" et les autorités avaient convié "la direction de Bridgestone à la table de discussions pour justement regarder comment on pouvait regagner de la productivité, de la compétitivité".

Mobilisation du gouvernement

La mobilisation du gouvernement est totale sur ce dossier mais restera-t-elle que sur le plan médiatique. En tout cas, Agnès Pannier-Runacher et la ministre du Travail Elisabeth Borne se rendront lundi matin à Béthune "pour voir tout le monde, tout le monde: les élus locaux, la direction locale" et "parler à la direction européenne", a rappelé la ministre. "Il y a une mobilisation absolue pour ce site", selon le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, qui "croit à la pression politique" et souligne "une forme de concorde politique autour de ce dossier".

Le manufacturier japonais Bridgestone a annoncé mercredi son intention de fermer en 2021 son usine de Béthune qui emploie 863 personnes dans la fabrication de pneumatiques pour voitures. Une annonce dont le gouvernement et le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand ont dénoncé "la brutalité, la pertinence et les fondements". L'usine de Béthune, qui produit des pneumatiques pour l'automobile sous les marques Bridgestone et Firestone, connaît des difficultés de longue date. Elle est "la moins performante" parmi la dizaine d'usines du groupe en Europe, affirme la direction.