Carlos Ghosn vers une libération imminente ?

Par Nabil Bourassi  |   |  562  mots
(Crédits : Regis Duvignau)
Le patron de Renault et de l'Alliance Renault-Nissan pourrait enfin sortir de prison, mais sous caution. Un tribunal de Tokyo a rejeté une demande d'extension de garde à vue alors que Carlos Ghosn est sous les verrous depuis le 19 novembre dernier. Le procureur a d'ores et déjà vu son appel rejeté par la justice japonaise.

[Mise à jour à 14:07 après le rejet de l'appel du procureur]

Tout s'accélère pour Carlos Ghosn! Le tribunal de Tokyo a rejeté jeudi la requête du parquet d'étendre sa garde à vue. Le procureur a immédiatement fait appel de cette décision. En quelques heures seulement, la justice japonaise a rejeté cet appel, confirmant ainsi la fin imminente de la garde à vue de Carlos Ghosn.

Nouveau rebondissement dans cette affaire rocambolesque, il pourrait être relâché dès vendredi, voire même jeudi, en échange du paiement d'une caution, selon la chaîne publique NHK.

Le dirigeant de 64 ans, qui a connu une chute brutale quand il a été cueilli à la sortie de son jet privé le 19 novembre dernier, à l'instar de son bras droit Greg Kelly, séjourne actuellement dans une cellule d'un centre de détention de Tokyo. Il a été inculpé le 10 décembre pour avoir omis de déclarer aux autorités boursières environ 5 milliards de yens (38 millions d'euros) de revenus sur cinq années, de 2010 à 2015. Son bras droit Greg Kelly, arrêté en même temps que lui, a aussi été inculpé.

Nissan également poursuivi

La garde à vue des deux hommes, qui nient toute malversation, avait été prolongée sur de nouveaux soupçons de minoration de ses émoluments, cette fois entre 2015 et 2018, pour un montant de 4 milliards de yens (31,1 millions d'euros).

Nissan est également poursuivi en tant qu'entité morale, le parquet jugeant que la responsabilité de l'entreprise est aussi engagée, car c'est elle qui a remis les rapports incriminés aux autorités boursières.

Une deuxième inculpation sur le bureau du procureur

C'est une enquête interne menée au sein du constructeur japonais qui a débouché sur l'arrestation de Carlos Ghosn, limogé dans la foulée de la présidence du conseil d'administration. Il a aussi été démis de celle de Mitsubishi Motors, tandis que Renault l'a maintenu à son poste, une situation qui a plongé l'alliance dans une crise sans précédent depuis sa naissance en 1999.

Nissan, qui a échoué lundi à nommer un remplaçant alors que la pression de Renault s'accentue, s'est refusé à tout commentaire.

La décision du tribunal ne veut pas dire que M. Ghosn ne sera pas inculpé une deuxième fois, a expliqué l'avocat Yasuyuki Takai, ancien membre de l'unité spéciale du bureau des procureurs de Tokyo, instance qui mène l'enquête sur le puissant patron d'industrie.

"Il a sans doute jugé que l'on pouvait d'ores et déjà trancher sur le fait de l'inculper ou non sur le deuxième motif sans nécessité de prolonger la garde à vue", a-t-il dit à l'AFP.

"De plus, il est possible qu'il soit arrêté pour un troisième motif, on n'en sait rien", a-t-il ajouté.

Outre les accusations de dissimulation de revenus, Nissan reproche à son ancien sauveur des abus de biens sociaux, notamment l'utilisation aux frais de la compagnie de résidences de luxe aux quatre coins du monde.

Le patron exécutif de Nissan, Hiroto Saikawa, qui a eu des mots très durs envers Carlos Ghosn, a justifié son attitude une nouvelle fois lundi.

"Notre compagnie est sous le choc, nous ne sommes pas dans une situation normale, mais mon sentiment est que nous devions définitivement mettre un terme à des agissements aussi graves", avait-il déclaré.

(avec l'AFP)